Se faire craquer les doigts peut-il provoquer de l'arthrose ?

À se faire craquer les doigts peut-on s’abîmer le cartilage ? Le rhumatologue Pascal Richette nous éclaire sur ces bruits articulaires.

Conseil avisé ou adage inventé ? Se faire craquer les doigts peut-il provoquer de l’arthrose, cette détérioration du cartilage, le tissu qui recouvre l’extrémité des petits os, jusqu’à engendrer inflammation voire déformation des doigts ? Pour Pascal Richette, chef du service de rhumatologie à l’hôpital Lariboisière à Paris, « c’est un peu farfelu. Il n’a pas été démontré que se faire craquer les doigts pouvait provoquer de l’arthrose digitale ».

Un allergologue américain a mené une étude, publiée en 1998, après s’être fait craquer les doigts de la main gauche pendant cinquante ans, au moins deux fois par jour. Il a constaté qu’il n’y avait aucun signe d’arthrose sur l’une ou l’autre de ses mains. Aussi, une autre étude menée en 2011 sur 200 personnes a montré que celles qui se faisaient craquer les doigts régulièrement n’avaient pas plus de détérioration de cartilage que les autres.

Une modification de pression

« Les bruits articulaires ne sont pas pathologiques, complète Pascal Richette. Cela serait lié à un phénomène de cavitation. C’est-à-dire qu’il y a une modification de pression dans les articulations qui se traduit par un craquement ».

Microtraumatismes et ménopause

Si se faire craquer les doigts ne cause pas de l’arthrose, plusieurs facteurs ont tendance à favoriser l’apparition du phénomène. « Il y a un facteur familial, une note génétique pour les articulations du bout des doigts de l’index et du majeur, précise le rhumatologue. Aussi, les microtraumatismes répétés peuvent à terme favoriser une arthrose du bas du pouce »

La baisse du taux d’œstrogènes, pour les femmes à la ménopause, est également un facteur aggravant. « Il existe aussi une littérature indiquant que l’obésité serait un facteur de risque de l’arthrose digitale », complète Pascal Richette.

Près de 20 % de la population souffrirait d’arthrose en France, selon le spécialiste. Des jeunes comme des moins jeunes.