Le chef de l’Etat gambien vient de faire une sortie remarquée sur la situation en Casamance. Le président Yaya Jammeh appelle à un cessez-le feu inconditionnel dans cette région voisine de son pays. Il recommande également à l’Etat sénégalais et aux rebelles du MFDC (le Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance) de négocier.
Ce sont des propos fort peu diplomatiques que Yaya Jammeh a lancé sur la télévision d’Etat à l’attention de son grand voisin sénégalais. Pour le président gambien, « les deux parties du conflit devraient savoir que la solution du problème en Casamance n’est pas militaire ». Jammeh a invité l’Etat sénégalais et les rebelles du MFDC (le Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance) à « appliquer immédiatement un cessez-le-feu inconditionnel » et à « aller à la table des négociations ».ll a par ailleurs estimé que la violence en Casamance ne faisait qu’y « aggraver la pauvreté endémique ».
Un observateur sénégalais qui a souhaité garder l’anonymat s’interroge sur ces conseils amicaux du chef de l’Etat gambien à ses voisins : « Yaya Jammeh est-il en train de proposer, entre les lignes, une médiation avec Salif Sadio le chef de l’une des factions du MFDC ? » Les sources gambiennes contactées par RFI l’excluent en tout cas totalement.
« Hypocrisie politique »
Pour l’activiste des droits de l’homme gambien Muhamed Lamin Sylla, ces conseils sont « de l’hypocrisie politique ». Ce militant affirme que Yaya Jammeh a fourni des armes venant de la Libye, mais aussi de l’argent, au groupe de Salif Sadio. Il affirme également que Banjul cherche à conserver un pouvoir de nuisance sur le Sénégal en entretenant la rébellion.
Un ancien officier de l’armée gambienne confirme ce soutien en armes et en argent qu’il explique en partie par des solidarités entre Diolas. La connexion entre Yaya Jammeh et le MFDC remonte, selon cette source, à avant même sa prise de pouvoir et n’a fait que s’épanouir ensuite.
« Yaya Jammeh ne peut pas être sérieux quand il fait cette déclaration », conclu cet ancien officier, avant d’ajouter : « S’il voulait la fin de la crise casamançaise, il n’appellerait pas simplement le Sénégal et le MFDC à négocier : il inviterait les chefs d’Etat sénégalais et bissau-guinéens à venir discuter avec lui dans le cadre d’une médiation régionale. »
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