La police du Bangladesh a interpellé un adolescent de 15 ans pour avoir critiqué la Première ministre dans un message sur Facebook, en vertu d'une loi controversée sur le numérique.
Les défenseurs des droits des personnes estiment que cette législation, en vigueur depuis 2018, est utilisée pour réprimer les voix dissidentes dans ce pays d'Asie du Sud. Des centaines de personnes ont été poursuivies en vertu de ce texte, notamment pour avoir critiqué des responsables politiques au pouvoir.
Les forces de l'ordre de Bhaluka (centre du Bangladesh) ont arrêté ce week-end Mohammad Emon, suite à la plainte d'un responsable local du parti au pouvoir. Ce dernier accuse l'adolescent d'avoir "dénigré notre dirigeante qui est comme une mère", la cheffe de gouvernement Sheikh Hasina.
Le jeune homme a écrit sur Facebook que, sur 100 takas (1 euro) payés au titre d'une nouvelle taxe sur les téléphones portables, "35 à 25 takas doivent être donnés à Sheikh Hasina en tant qu'allocation de veuvage, car son mari est mort", semblant l'accuser de détournement de fonds. D'après le conseiller local qui a déposé plainte, ces remarques ont agité les habitants et les parents du suspect sont des partisans du Bangladesh Nationalist Party, la principale formation d'opposition.
Envoyé en centre de rééducation
L'adolescent a supprimé son texte et publié un message d'excuses, a indiqué le chef de la police locale Main Uddin. Mais le mineur a été envoyé dans un centre de rééducation pour "se rendre compte de ses erreurs et corriger sa personnalité", a ajouté le responsable policier.
Cette nouvelle arrestation "met en lumière les dangers du Digital Security Act", a dénoncé l'ONG Amnesty International, fustigeant "une arme pour réprimer la dissidence légitime" et entraver la liberté d'expression.
"Les autorités s'en prennent de plus en plus à quiconque critique, même faiblement, le gouvernement ou le parti au pouvoir", a déclaré à l'AFP Saad Hammadi, un responsable de l'organisation de défense des droits humains.
La loi sur le numérique a été récemment utilisée pour interpeller de nombreuses personnes accusées de répandre en ligne des fausses rumeurs sur le coronavirus.
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