Rama Yade, benjamine à 32 ans du gouvernement et en tête des indices de popularité, a gagné un pari : être capable de dire "non" au président et survivre à un remaniement, mais elle abandonne un secrétariat d’Etat très en vue, les Droits de l’homme, pour le portefeuille des Sports.
D’origine sénégalaise, elle est avec l’ex-ministre de la Justice, Rachida Dati, un symbole de la promotion de la "diversité", la volonté d’ouvrir la classe politique à des personnalités issues de l’immigration.
Depuis son entrée au gouvernement en 2007, cette adepte du franc-parler a su traverser les crises et encaisser les coups avec aplomb.
En décembre 2007, à l’occasion de la visite à Paris du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, elle se démarque avec éclat du langage policé du ministère des Affaires étrangères auquel elle est rattachée.
"Notre pays n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits", dit-elle alors, s’attirant aussitôt une convocation à l’Elysée.
Un an plus tard, en décembre 2008, lors du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, son ministre de tutelle Bernard Kouchner qualifie "d’erreur" la création du secrétariat d’Etat qu’elle dirige.
"J’ai senti le tapis glisser sous mes pieds. Et j’ai décidé de faire face", a-t-elle raconté récemment. Car Rama Yade se dit "comme un poisson dans l’eau" au gouvernement. "Je suis en phase avec la fonction par mon histoire, mon tempérament, mes goûts", assure-t-elle.
Ses relations avec Bernard Kouchner sont pour le moins compliquées. Paradoxalement, la déclaration de ce dernier sur l’inutilité supposée de sa fonction la propulse au sommet des sondages.
Elle est toujours la deuxième personnalité politique préférée des Français, derrière Jacques Chirac, selon le classement des personnalités Ifop/Paris-Match à paraître jeudi.
Au quotidien, elle propose ses sujets à son ministre : "des fois c’est oui, des fois c’est non, et c’est la vie", dit-elle.
Elle choisit des thèmes particuliers, comme les femmes, l’adoption ou la lutte contre l’homophobie, et représente aussi beaucoup la France à l’étranger lors de cérémonies ou de réunions.
Avec le président Nicolas Sarkozy, les relations ne sont pas non plus toujours simples. Le chef de l’Etat, son mentor en politique, pique une colère lorsque Rama Yade décline sa proposition de se porter candidate aux récentes élections européennes.
Rama Yade multiplie malgré tout les interventions dans les médias, parle de beaucoup de sujets, mais aurait subi des remontrances après des déclarations sur l’Iran.
La liberté de ton de la seule personnalité noire du gouvernement n’a cependant pas sonné le glas de la poursuite de son aventure gouvernementale. Supposée en disgrâce il y encore peu, elle rempile aujourd’hui au secrétariat d’Etat aux Sports.
Née le 13 décembre 1976 à Dakar, de confession musulmane, elle passe son enfance au Sénégal, avant de rejoindre une cité de Colombes (Hauts-de-Seine). Parallèlement à ses fonctions au gouvernement, elle reste très impliquée dans la vie de cette ville.
Après des études à Sciences-Po, elle devient directrice de la communication de la chaîne parlementaire Public Sénat (2005) et administratrice au Sénat (2006).
C’est avec Nicolas Sarkozy qu’elle se lance en politique. En mars 2006, elle est nommée secrétaire nationale de l’UMP à la francophonie. Elle publiera peu après un livre, "Noirs de France".
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