Les autorités de la Guinée-Bissau comptent beaucoup sur le Sénégal pour développer leur pays qui subit de plein fouet les contre coups de la guerre.
Les potentialités pour faire des affaires, notamment dans les domaines de l'agriculture, de la pêche et du tourisme sont réelles en Guinée-Bissau. Mais elles sont dormantes, faute d'investissements. Il faut alors les réveiller.
Les autorités bissau-guinéeennes sont dans cette dynamique. Et elles comptent sur les opérateurs économiques sénégalais pour le faire. L'appel qu'elles ont lancé en direction de ces derniers a été bien entendu par les Sénégalais qui comptent mettre leur expertise à la disposition de leurs camarades bissau-guinéeens. La première édition des journées d'affaires et d'investissement que les autorités de Bissau ont organisée, hier, à l'intention des opérateurs économiques sénégalais est une manifestation de leur volonté politique à travailler avec ces derniers.
Et les opérateurs économiques sénégalais comptent tirer leur épingle du jeu sur tous les avantages qui s'offrent à eux. Président de l'Union nationale des chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture du Sénégal (Unccias), M. Mamadou Lamine Niang qui est à la tête de la mission économique et commerciale à Bissau dit être convaincu. ‘Je pense qu'il n'y a aucun problème. Il y a une volonté très nette de la part des autorités de Guinée-Bissau de s'orienter vers le Sénégal. De notre côté, nous avons l'efficacité commerciale nécessaire pour gagner des parts de marché. Je crois que nous y arriverons’, souligne-t-il.
Mais pour qu'il en soit ainsi, le chef de la délégation sénégalaise, qui est forte d'une cinquantaine de membres, pense qu'il y a au préalable des contraintes qu'il faut lever. ‘Il y a d'abord une contrainte psychologique à lever. C'est un pays qui a été en guerre pendant très longtemps. Il faut ensuite que les Bissau-guinéeens croient eux-mêmes à l'avenir de leur pays. Il faut que leurs moyens qui sont dehors reviennent dans leur pays. Une fois que ces obstacles sont levés, le reste viendra ensuite’, dit-il.
M. Niang a en outre invité les opérateurs économiques des deux pays à tirer les leçons de l'échec de l'Organisation mondiale du commerce (Omc) sur les négociations de Doha. ‘Il est temps de tirer les leçons de cet échec pour accroître les relations d'affaires entre les pays africains. C'est un peu le sens de notre visite à Bissau’, souligne le chef de la délégation sénégalaise. Opérateur économique sénégalais évoluant dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (Btp), M. Babacar Ndiaye n'entend nullement lui aussi rater cette opportunité qui s'offre à lui. ‘L'intérêt pour moi de participer à cette rencontre est de trouver des débouchés et mettre l'expertise sénégalaise au bénéfice de la Guinée-Bissau. Il y a des travaux dans le domaine de l'hydraulique où le Sénégal est très en avance. Il y a aussi l'eau qui m'intéresse’, déclare-t-il.
Son compatriote M. Abdoul Mbaye, Directeur général de la Banque sénégalo-tunisienne (Bst) ne s'est pas non plus déplacé de Dakar à Bissau pour les beaux yeux des autorités de ce pays. ‘Je suis là (Bissau : Ndlr) pour voir dans quelle mesure la Bst peut prendre contact avec les banques qui se sont installées en Bissau pour mettre en place des relations de correspondance bancaire’, souligne-t-il. Le Dg de la Bst n'écarte pas l'idée d'installer dans la capitale guinéeenne une banque si la demande existe. Pour l'instant, il juge inutile de concurrencer les trois banques commerciales qui existent à Bissau.
Dans cette perspective de faire des affaires en Guinée-Bissau, le ministre bissau-guinéen de l'Economie, qui s'exprimait lors de l'ouverture officielle de cette rencontre d'échanges, promet de mettre en œuvre des réformes des procédures administratives auxquelles doivent se soumettre les entreprises privées qui souhaitent s'implanter dans son pays peuplé d'un million deux cent mille habitants.
M. Youssoupha Sagna met ainsi en avant un certain nombre de mesures incitatives. Elles partent de l'adhésion de son pays au Miga (Agence multilatérale de garantie des investissements) à l'élaboration d'un statut de zone franche d'exportation en passant par leur adhésion au Fonds de garantie et de coopération économique (Fagace), la révision du Code d'investissement, l'approbation de la loi foncière, l'adoption du Code de travail Ohada, l'installation d'un tribunal arbitral, entre autres mesures du genre.
Des réformes qui, selon le ministre, visent à encourager l'investissement privé en Guinée-Bissau. Mais le ministre n'ignore pas les difficultés auxquelles peut se confronter cette réforme. ‘Il convient cependant de préciser que la réforme des procédures administratives peut parfois être confrontée à des obstacles liés à la politique économique - ce qui est le cas dans les domaines fiscal et douanier où l'utilisation des taux et instruments inadéquats sont à l'origine des retards et frustrations’, réagit-il à notre interpellation sur ces questions.
Pays à 80 % agricole, la Guinée-Bissau n'a pratiquement pas d'industrie de transformation. Raison pour laquelle ce pays est résolument tourné vers la transformation industrielle. Et elle réserve la priorité à la production de noix de cajou qui est la principale ressource de ce pays. Ce produit représente en effet 60 % du budget national, selon le conseiller technique du président de la Chambre de commerce, d'industrie et d'agricultre de Bissau.
Les 40 % restant constitue le budget national qui est entre 50 et 60 milliards de francs. D'après Forbis Grégoire, 80 % des denrées de première nécessité viennent de Dakar.
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