L'Union européenne a, finalement, décidé de faire fi des appels au boycott du gouvernement du Hamas, décrété par certaines puissances étrangères. Une mesure saluée par les nouveaux dirigeants palestiniens.
L'Union européenne a décidé d'allouer une aide financière d'urgence aux Palestiniens pour leur épargner une faillite imminente, bien que la formation du futur gouvernement ait été confiée à un dirigeant du Hamas. L'essentiel de cette enveloppe de 120 millions d'euros (142 millions de dollars), soulignent les Vingt-cinq, échappera au contrôle de l'Autorité autonome, dont le mouvement islamiste voué à la destruction de l'Etat d'Israël s'apprête à prendre les rênes. "Je vais annoncer aujourd'hui un paquet d'aide très substantiel pour couvrir les besoins fondamentaux" des Palestiniens, a déclaré la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, à son arrivée à Bruxelles, où les ministres des Affaires étrangères de l'Ue se réunissent pour étudier la marche à suivre face au Hamas. Sur cette somme globale, 40 millions serviront à financer l'approvisionnement en électricité des territoires ; 64 millions iront à l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et 17,5 millions seulement seront alloués à l'Autorité autonome pour l'aider à payer les salaires de la fonction publique. "Dans les faits, nous paierons leurs factures d'électricité directement aux compagnies concernées, y compris en Israël", a souligné la commissaire autrichienne, dont le pays assure la présidence tournante de l'Ue.
En réaction à l'entrée du Hamas dans les institutions palestiniennes, Israël a suspendu le reversement des droits de douanes et autres taxes perçus au nom de l'Autorité autonome, soit une cinquantaine de millions de dollars par mois.
L'Union européenne, principal bailleur de fonds des institutions palestiniennes, s'interroge quant à elle sur la conduite à tenir depuis le triomphe électoral du Mouvement de la résistance islamique, qui figure sur sa liste des organisations terroristes.
Les autorités israéliennes estiment que l'aide internationale aurait dû être suspendue le 18 février, lors de la séance inaugurale du Conseil législatif palestinien où le Hamas dispose de la majorité absolue. Pour Bruxelles, la date fatidique sera celle de l'investiture du prochain gouvernement, qui n'est pas attendue avant avril. "Nous sommes d'accord sur notre désaccord", a ironisé Mark Regev, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
Dans une lettre datée de ce week-end, l'émissaire du Quartet des médiateurs internationaux pour la paix au Proche-Orient, James Wolfensohn, estime, par ailleurs, que l'Autorité palestinienne sera en état de faillite d'ici deux semaines. Même si l'Autorité autonome parvenait à survivre grâce à des fonds d'urgence, cette crise financière pourrait accentuer la violence et le chaos, souligne l'ancien président de la Banque mondiale, invitant les membres du Quartet à élaborer un plan de financement à long terme. Sa lettre, datée du 25 février, semble avoir été rédigée en vue du conseil des ministres des Affaires étrangères européens de façon à justifier sa décision.
Ferrero-Waldner a, quant à elle, souligné le fait que l'Autorité autonome était déficitaire avant même les mesures de rétorsion israéliennes et a invité des pays tiers, notamment arabes, à consentir un effort financier supplémentaire. Quant à la réaction de l'Ue à la nomination d'Ismaïl Haniyeh, tête de liste du Hamas aux législatives du 25 janvier, au poste de Premier ministre, la commissaire européenne s'est montrée pragmatique. "Nous devons voir ce que sera le programme du gouvernement. Il faut leur donner du temps", a-t-elle déclaré, ajoutant que l'Ue s'efforcerait de coopérer avec le président de l'Autorité autonome, Mahmoud Abbas.
Sami Abou Zouhri, porte-parole du mouvement intégriste, s'est félicité de la décision européenne, saluant "l'échec des pressions israéliennes et américaines (...) pour assiéger le peuple palestinien et le Hamas".
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