Si la réussite du sommet de Dakar dépend de la présence des Souverains et chefs d’Etat, les prémices d’un échec se dessinent. Le Président turc, au nom du non-respect par le Sénégal du cahier de charges relatif à l’organisation dudit sommet, décide de ne pas faire le déplacement. Alors que le Sénégal peine à satisfaire les exigences de confort et de sécurité posées par certaines personnalités comme le roi Abdallah d’Arabie Saoudite.
A trois jours du démarrage de la conférence islamique au Sommet à Dakar, aucune confirmation de la présence des chefs d’Etat et Souverains n’est encore communiquée. Seules quelques absences bien motivées sont déclarées. Mais, la grande absence, qui risque de créer un précédent au sein de l’Oci, sera celle du Président turc, Abdullah Gül. Ce dernier ne sera pas à Dakar non pas pour cause d’empêchement, mais par principe. Car, si l’on en croit les confidences de hauts diplomates turcs, le Président évoque «un non-respect du cahier de charges et des engagements alors pris par le Sénégal pour bénéficier de l’organisation de ce sommet».
En effet, la position de la Turquie s’explique par les «lenteurs inexplicables» notées dans la préparation du sommet. Car, le cahier de charges auquel le Sénégal devait être soumis, est loin d’être respecté. «La disponibilité des infrastructures hôtelières, sanitaires promises et les assurances sécuritaires font cruellement défaut», justifie un diplomate. Ainsi, les trois reports du sommet de Dakar, à la demande des autorités sénégalaises, n’ont jamais été du goût de la Turquie. Cette situation a même fini par perturber le cycle et la rotation qui ont toujours prévalu dans l’organisation du sommet. (Voir notre édition d’hier).
D’ailleurs, lors du second report pour cause d’impréparation, la Turquie n’avait pas digéré cette nouvelle déconvenue. D’où sa volonté alors émise pour organiser un sommet extraordinaire. Ce qui permettrait au Sénégal de finir ses travaux et de mieux se préparer pour le sommet suivant.
Cette demande du Président Abdullah Gül rejoignait la volonté des autorités saoudiennes d’obtenir l’annulation du sommet de Dakar. A ce moment, nos confrères du journal Sud Quotidien avaient, dans leur édition du 8 janvier 2008, révélé que «les Saoudiens souhaiteraient l’annulation du sommet de Dakar et seraient fortement appuyés dans cette position par la Turquie, dont l’un de ses ressortissants dirige actuellement le Secrétariat général de l’Organisation de la Conférence islamique à Djeddah. Ainsi, l’Arabie Saoudite travaillerait à convaincre les autres membres très influents de l’Oci, en particulier les pays arabes africains, l’Egypte et le Maroc, à se rallier à son idée». En effet, la menace terroriste après l’assassinat des quatre touristes français en Mauritanie avait fait douter les autorités saoudiennes. Ces craintes saoudiennes persistent toujours après l’attentat perpétré devant l’Ambassade d’Israël à Nouakchott. De même, la hantise de la menace terroriste demeure aussi bien chez les participants que chez les autorités sénégalaises. Comme en atteste l’expulsion, vendredi dernier à partir de Saint-Louis, de six Marocains supposés appartenir à un redoutable groupe terroriste.
L’EQUATION SAOUDIENNE
Pourtant, il y a moins de deux semaines, le Chef de l’Etat sénégalais, Me Abdoulaye Wade, s’était rendu à Ankara pour s’assurer de la présence de M. Gül à Dakar. Et malgré les réponses diplomatiques qui ont été servies, il demeure, d’après des diplomates, que le Président turc maintient sa position de principe de ne pas se rendre à Dakar, dans la mesure où les engagements de tout finir avant le sommet ne sont pas tenus. «Les travaux peinent à se finaliser et les hôtels alors annoncés sont loin de pouvoir accueillir des hôtes», constate-t-on sur le terrain. Pour autant, son pays se fera représenter forcément, même si l’on ignore le niveau de cette représentation surtout que le Secrétaire général de l’Oci, Ekmeleddin Ihsanoglu, qui ne peut pas ne pas participer au sommet est de nationalité turque.
En sus de cette défection turque, d’autres chefs d’Etats, membre de l’Oci sont déclarés forfaits. L’on note parmi eux, le Sultan d’Oman et le guide de la Révolution libyenne, Mouhamar Kadhafi. L’absence annoncée de ce dernier par le Président Wade ressemble bien à une opération de communication et à un appel du pied au Serviteur des deux Saintes Mosquées, le roi Abdallah d’Arabie Saoudite. Les relations entre les deux personnalités sont d’une telle inimitié qu’ils ne partagent plus une même salle. L’on se rappelle de cette réunion de la Ligue arabe, quand ils se sont échangés des propos pour le moins injurieux.
En plus, les autorités saoudiennes avaient accusé le guide libyen de vouloir attenter à la vie du roi alors en déplacement aux Etats-Unis. Cela a fini d’installer un climat de méfiance mutuelle entre les deux personnalités. Ainsi, en annonçant l’absence de Kadhafi, Me Wade aura donné un signal au roi d’Arabie Saoudite, dont l’état de santé ne permet plus certains déplacements. Ce à quoi s’ajoutent les rigueurs de ses voyages, si l’on sait que le roi se déplace avec une délégation de plus de 400 personnes à loger sur un même site autre qu’un hôtel. Ce qui constitue une équation presque insoluble pour l’Etat du Sénégal, qui peine encore à satisfaire les exigences royales de confort et de sécurité. D’où l’hypothèque sur sa présence à Dakar.
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