Abidjan - Le président ivoirien Laurent Gbagbo s’est félicité hier que l’Onu n’ait pas remis en cause la constitution ivoirienne et a annoncé qu’il allait lui-même "tracer le nouveau cadre de règlement de la crise" d’ici quelques jours, en appelant la population au calme.
Dans un discours à la Nation diffusé par la radio télévision nationale, le président ivoirien a "salué" et "remercié" tous les pays membres du Conseil de sécurité" qui "ont rejeté toute possibilité de subordination de la constitution d’un Etat à une décision d’une organisation internationale, fût-elle l’Onu".
Le conseil de sécurité de l’Onu a adopté mercredi soir la résolution 1721 qui, comme la résolution 1633 votée l’an dernier à la même époque, prolonge d’un an le mandat de M. Gbagbo et prévoit l’organisation d’élections dans les douze mois pour réunifier un pays coupé en deux depuis septembre 2002.
La 1721 précise et élargit les pouvoirs du Premier ministre ivoirien Charles Konan-Banny, désigné par la communauté internationale en décembre 2005, face à un président (au pouvoir dans le sud du pays) et à une rébellion des Forces nouvelles (Fn, qui contrôle le nord), accusés de bloquer le processus de paix.
Pour ce faire, la France, ancien tuteur de la Côte d’Ivoire aujourd’hui brouillé avec M. Gbagbo, avait préparé un projet de texte donnant les pleins pouvoirs à M. Banny et stipulant que les textes internationaux "prévalent sur la constitution ivoirienne et la législation nationale". Cette disposition a été écartée par plusieurs membres du conseil de sécurité (Chine, Russie, Etats-unis, Tanzanie), tout comme celle qui donnait à M.
Banny le pouvoir de nommer les hauts responsables civils et militaires. "Sur cette question fondamentale, la réponse de l’Onu est claire et sans ambages (...) Notre constitution sera appliquée", s’est réjoui M. Gbagbo, en estimant que ce précédent allait profiter à "tous les pays épris de liberté".
M. Gbagbo a annoncé qu’il s’adresserait de nouveau à la population "dans quelques jours pour tracer le nouveau cadre de règlement de la crise". Fort du refus du conseil de sécurité de faire prévaloir les textes internationaux, il a annoncé que toutes "les violations de la constitution" contenues dans la résolution "ne seront pas appliquées". Mais M. Gbagbo n’a pas indiqué s’il visait les quelques avancées contenues dans la résolution 1721 par rapport à la résolution 1633. La 1721 indique notamment qu’il restera à son poste pour une "période finale de transition n’excédant pas 12 mois". Elle autorise également M. Banny à "prendre toutes les décisions nécessaires en conseil des ministres ou en conseil de gouvernement" (auquel le président ne participe pas, ndr) "par ordonnance ou décret-loi".
Elle fait enfin du Haut représentant de l’Onu pour les élections, Gérard Stoudman, "la seule autorité habilitée à rendre les arbitrages nécessaires" pour résoudre les contentieux liés à l’organisation des élections, l’une des principales pierres d’achoppement du processus de paix. "Je suis à la barre", a conclu M. Gbagbo, invitant l’armée "à défendre la Constitution et la République" et la population à éviter "toute manifestation".
"On a enlevé la prédominance des textes internationaux et la nomination des emplois civils et militaires. Donc on ne pourra pas avancer", déplorait hier un responsable de l’opposition sous couvert d’anonymat. Au nord, la rébellion des Fn a de son côté approuvé la résolution 1721, qui permet selon elle d’aborder les "questions essentielles" de la future réunification de l’armée et de l’identification des populations en vue des élections.
À Paris, la ministre française déléguée à la Coopération, Brigitte Girardin, a estimé que la résolution 1721 était "un bon texte" qui "a su tirer les leçons de l’échec de la transition précédente".
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