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Nigeria: Obasanjo accepte de remettre Charles Taylor au Liberia

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Nigeria: Obasanjo accepte de remettre Charles Taylor au Liberia

Le président nigérian Olusegun Obasanjo a accepté samedi de remettre au gouvernement de Monrovia l'ancien président libérien Charles Taylor, accusé de crimes de guerre en Sierra Leone voisine.

Le procureur du Tribunal spécial pour les crimes de guerre en Sierra Leone, Desmond da Silva, a salué samedi la décision du Nigeria de répondre favorablement à une demande d'extradition émise par le gouvernement libérien au sujet de Charles Taylor, inculpé par cette juridiction.

"C'est un jour très important pour ceux qui soutiennent la cause de la justice internationale dans le monde, et pour les victimes de nombreux conflits qui ont gravement souffert", a déclaré le procureur britannique dans un communiqué reçu par l'AFP à Dakar.

"Je voudrais féliciter la présidente (libérienne Ellen) Johnson Sirleaf pour avoir requis l'extradition du fugitif de la cour spéciale Charles Taylor", a-t-il ajouté.

Taylor vit en exil à Calabar, dans le sud nigérian depuis qu'il a quitté le pouvoir à Monrovia le 11 août 2003, en vertu d'un accord international destiné à mettre fin à une guerre civile qui aurait fait 200.000 morts.

Il est poursuivi par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, créé sous l'égide des Nations unies, pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, massacres, viols et recrutement d'enfants soldats commis durant la guerre (1991-2001) dans ce pays voisin.

Les procureurs du Tribunal spécial de Sierra Leone ont accusé Taylor d'avoir soutenu les rebelles de ce pays, coupables de graves abus des droits de l'Homme dans les années 90, pour se saisir des diamants sierra-léonais.

M. Obasanjo a été sous la pression de la communauté internationale, dont les Etats-Unis, pour extrader vers son pays d'origine Charles Taylor qui devrait ensuite être remis au Tribunal spécial pour la Sierra Leone.

"Le président Olusegun Obasanjo a informé aujourd'hui, le 25 mars, la présidente Ellen Johnson Sirleaf que le gouvernement du Liberia est libre de récupérer et d'incarcérer l'ancien président Charles Taylor", a déclaré la présidence nigériane dans un communiqué.

Il n'est pas précisé comment M. Taylor sera emmené de sa villa pour être remis aux autorités de Monrovia.

Mme Sirleaf avait indiqué que Taylor serait jugé et un haut responsable libérien avait pour sa part précisé que si l'ancien président était renvoyé dans son pays, il partirait presque immédiatement pour Freetown.

"Le Liberia est plus important que n'importe quel individu, tribu ou groupe de personnes", a déclaré samedi Mme Sirleaf lors d'une cérémonie marquant son retour des Etats-Unis, en voulant apaiser les inquiétudes que suscite le retour annoncé de Charles Taylor.

Selon George Wallace, son ministre des Affaires étrangères, la situation était calme dans le pays, même si des informations circulant sur d'éventuelles actions subversives de partisans de Taylor pouvaient être préoccupantes.

Les militants des droits de l'Homme au Nigeria se sont félicités de l'annonce de la décision de M. Obasanjo.

"Nous serions très heureux si ceci est vrai. Il appartient maintenant à Ellen Johnson Sirleaf de faire ce qu'il faut et de l'envoyer devant la Cour spéciale au Sierra Leone", a déclaré Voke Ighorodje, membre de la Coalition du Nigeria pour la Cour pénale internationale.

"Il devrait être menotté et traité comme criminel tout comme (l'ancien président yougoslave Slobodan) Milosevic", a déclaré l'avocat défenseur des droits de l'Homme Gani Fawehinmi, qui avait fait partie des opposants à son exil au Nigeria.

Des proches de Taylor ont mis en garde contre son renvoi rapide dans son pays d'origine où ses partisans pourraient relancer la guerre civile.

Le "conseiller spirituel" de Taylor, l'évangéliste indien Kilari Anand Paul, avait prevenu après lui avoir rendu visite lundi et mardi contre "une terrible destabilisation au Liberia s'il y avait extradition".

"Il ne fait aucun doute à mes yeux que ce sera le chaos", avait-il ajouté.

M. Ighorodje, toutefois, a balayé ces inquiétudes. "Je pense que les proches de Taylor sont juste en train de bluffer. Ils n'ont plus de pouvoir, plus de place pour se cacher. Ils savent que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne soient eux-mêmes rattrapés par la justice".

M. Obasanjo, ancien président de l'Union africaine (UA), avait indiqué qu'il consulterait ses pairs, dont l'actuel président de l'UA le Congolais Denis Sassou Nguesso et l'actuel président de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), le Nigérien Mamadou Tandja, avant de prendre une décision.

Le président nigérian a indiqué que ses seules objections au transfert avaient été liées à la date de ce transfert et à une situation de paix au Liberia.

Ce pays, a-t-il confirmé samedi, est maintenant libre de récupérer Charles Taylor.



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