Hier, les Mauritaniens ont voté dans le calme pour élire leur président, clôturant ainsi un processus jusqu’à présent exemplaire et relativement rare en Afrique de passage de pouvoir des militaires aux civils, après un coup d’Etat en 2005.
Nouakchott - Aucun incident majeur n’a été signalé par le ministère de l’Intérieur, selon lequel le taux de participation s’élevait pour ce deuxième tour de l’élection présidentielle à 58,59 % à 18h 00 (locales et Gmt).
Au premier tour, à la même heure, la participation s’élevait à environ 65 %. Ces chiffres semblent confirmer les constatations de plusieurs observateurs et journalistes faisant état d’une participation moindre qu’au premier tour, le 11 mars dernier, où elle avait atteint 70 %.
Les quelque 2.400 bureaux de vote dans lesquels étaient attendus environ 1,1 million d’électeurs sont restés ouverts de 07h 00 à 19h 00, dans ce pays en grande partie désertique, deux fois plus grand que la France mais peuplé de seulement 3,1 millions d’habitants.
« À l’intérieur des bureaux de vote et dans les files d’attente, rien à signaler. Mais aux alentours, il y a eu beaucoup d’animations partisanes, des deux camps.
Avec de temps en temps, de petites anicroches », a indiqué à l’Afp la chef de la mission européenne d’observation, Marie-Anne Isler-Béguin.
« Mais lorsque le citoyen entre dans le bureau de vote, il est libre. Personne ne met une pression sur lui quand il est dans l’isoloir », a-t-elle souligné.
Forte de 85 observateurs sur le terrain, la mission européenne est, en effectifs, la plus importante déployée dans le pays. Le jour est historique. Depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960, les présidents sont arrivés au pouvoir par des coups d’Etat et se sont ensuite fait réélire dès le premier tour lors de scrutins entachés de fraudes.
Les deux candidats ont des profils similaires : ils font partie de la même génération, du même milieu social élevé, sont issus de familles maraboutiques et de la communauté majoritaire des Arabes, ont été ministres et ont connu la prison et l’exil. D’un côté, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, 69 ans. Arrivé en tête au premier tour du 11 mars avec près de 25 % des voix, il est soutenu par l’ancienne majorité présidentielle au pouvoir avant le coup d’Etat et se présente comme « le président qui rassure ».
Face à lui, Ahmed Ould Daddah, 65 ans, opposant irréductible au régime déchu du président Maaouya Ould Taya (1984-2005), a déjà été candidat malheureux en 1992 et 2003 lors de scrutins dont il a contesté la régularité. Il prône le « changement » pour « tourner la page du passé ».
Le futur président, un civil, succèdera au chef de la junte, le colonel Ely Ould Mohamed Vall qui ne s’est pas présenté au scrutin présidentiel, conformément à ses engagements initiaux afin de garantir la neutralité du processus de transition démocratique.
Plusieurs sources, contactées à Nouakchott, avancent que les premiers résultats ne seront pas connus avant cet après-midi. Le futur président mauritanien doit être investi le 19 avril prochain.
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