Le gouvernement italien de M. Silvio Berlusconi lance de nouvelles attaques contre les droits sociaux des migrants. La première offensive concerne le secteur de l’éducation, alors même que le mouvement étudiant– l’onda, « la vague » – s’amplifie en Italie et à l’étranger. Début octobre, le parti de la Ligue du Nord a proposé au Parlement la motion Cota (du nom du président des députés léguistes) modifiant l’accès des élèves étrangers à l’école obligatoire. Les enfants devraient être scolarisés dans des classes séparées, des « classes-pont » pour apprendre la langue italienne. La Chambre des députés a approuvé cette motion le 15 octobre 2008, et une proposition de loi a été déposée au Sénat le 20 novembre. Le parti du Carroccio de M. Umberto Bossi a incité le premier ministre Berlusconi à approuver ce projet.
De nombreux observateurs et pédagogues ont publiquement dénoncé ces mesures, qu’ils estiment susceptibles de renforcer le racisme, la ghettoïsation et la ségrégation. Le maire de Turin, M. Sergio Chiamparino (Partito Democratico), a dénoncé le risque d’une évolution des villes italiennes vers les banlieues parisiennes, ce à quoi le ministre de l’intérieur Roberto Maroni a répondu que « l’Italie n’est pas la France » pour ce qui est de la conflictualité sociale urbaine.
La deuxième attaque porte sur le droit à la santé des migrants. Encore une fois, la Ligue du Nord en est l’initiatrice. Le Carroccio a proposé au Sénat la modification de l’article 35 de la loi sur l’immigration, afin de refuser l’accès aux structures sanitaires pour les sans-papiers . Jusqu’à présent, les immigrés sans papiers pouvaient s’adresser au service sanitaire sans risquer d’être signalés aux autorités : l’article 32 de la Constitution italienne garantit les « soins gratuits aux personnes indigentes », sans subordonner ce droit à quelque condition (dans la Charte constitutionnelle, on parle d’« individu » et pas de « citoyen »).
Au contraire, avec la proposition de la Ligue du Nord, le médecin doit signaler l’immigré sans papiers aux autorités. Médecins sans frontières dénonce la « mise en discussion d’un des droits fondamentaux des hommes, le droit à la santé », et la Société italienne de médecine des migrations s’alarme d’une « clandestinité sanitaire dangereuse pour tous, italiens et étrangers, en cas de maladies transmissibles » avec deux appels effectués en octobre et le 20 novembre. Les réponses de la Ligue du Nord ? Le sénateur Pittoni affirme que « les Italiens sont de vrais citoyens de série B. Ils doivent toujours payer, payer, payer ». A Parme, le 29 septembre, la police a violemment frappé un jeune citoyen d’origine ghanéenne. Le 27 novembre, le quotidien La Repubblica a publié une photographie où l’un des agents impliqués exhibait la face tuméfiée du garçon. Qui sont les citoyens de série B en Italie ?
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