BANJUL (AFP) - Le principal opposant gambien Ousainou Darboe a refusé dimanche de reconnaître la victoire du chef de l'Etat sortant Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 1994, qui a remporté la présidentielle de vendredi avec plus de 67% des suffrages.
"Cette élection était une honte. Elle n'était ni libre ni juste et nous n'acceptons pas les résultats", a indiqué à l'AFP cet avocat, affirmant notamment que le régime avait intimidé les électeurs. Il était soutenu par trois partis d'opposition mais n'a recueilli que 26,6% des voix.
Selon lui, la coalition de l'opposition réfléchit à sa stratégie, en matière politique et judiciaire, pour contester le scrutin.
M. Jammeh, 41 ans, a remporté 264.404 voix, soit 67,33% des suffrages exprimés, contre 104.808 voix à Me Darboe, qui a recueilli 26,6% des voix, avait annoncé samedi soir la Commission électorale indépendante (IEC).
Le troisième candidat, Halifa Sallah, a obtenu de son côté 23.473 suffrages, soit 5,98% des voix, selon l'IEC.
"Les résultats montrent qu'il s'agissait d'une farce, c'est ridicule. Le processus (électoral) en lui-même n'a aucune crédibilité", a-t-il déclaré à l'AFP.
Selon lui, les militants de l'opposition ont été intimidés par les forces de l'ordre qui ont publiquement affiché leur soutien au président sortant, arrivé au pouvoir en 1994 à la faveur d'un coup d'Etat militaire dans ce pays d'1,5 million d'habitants enclavé dans le Sénégal.
"Nous avons des preuves que les forces de sécurité (...) ont totalement participé à la campagne (de M. Jammeh)", a-t-il accusé, précisant qu'ils portaient les couleurs du parti présidentiel dans les édifices publics.
"Il y a eu tant d'intimidation dans le pays que les gens ont perdu tout moyen d'exercer leur droit démocratique à voter librement et sans peur", a insisté le dirigeant de l'opposition, qui était pourtant resté jusqu'à présent très mesuré dans ses critiques du scrutin.
Les observateurs internationaux ont noté que le scrutin s'était déroulé sans incident vendredi mais que le chef de l'Etat sortant avait usé de ses prérogatives présidentielles, notamment une tournée nationale juste avant l'élection, pour influencer le vote des électeurs.
L'autre candidat de l'opposition Halifah Sallah a de son côté accepté les résultats tout en ayant constaté "de nombreuses anomalies dans le processus" électoral.
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