Finalement, elle a témoigné, mais en posant des conditions. Ne pas voir ses agresseurs et se mettre à l’abri des médias. En revanche, elle ne voulait voir que le président du tribunal. Au final, ce fut un témoignage émouvant, selon son avocat. Mais ses brûleurs n’ont pas répondu aux différentes questions qu’elle leur a posées.
Elle a longtemps hésité à venir témoigner jusqu’à ce que son avocat évoque la possibilité de le faire par visio-conférence. Finalement, la victime franco-sénégalaise a pris son courage à deux mains pour se rendre au tribunal et dire sa part de vérité dans l’incendie du bus à Marseille qui a brûlé 62 % de son corps. Mais ‘cette décision (de témoigner, Ndlr) a été douloureuse’, précise son avocat, Me Molla. Cependant Mama Gallédou a tenu à le faire dans une salle en présence du greffier, de son avocat. Elle a exigé aussi à ne voir personne sauf ‘le président’ du tribunal. Même ses agresseurs n’ont pas été dans son champ de vision. ‘Elle ne verra que le président. Elle ne veut voir personne d’autre, et surtout pas ses agresseurs’, a précisé Me Molla. Des conditions qui ont été satisfaites parce que ‘dans tout procès, il est important que la victime vienne témoigner. Dans ce procès, peut-être encore plus’, poursuit-il. C’est en plan serré que son visage a été filmé pour permettre aux prévenus, aux membres du jury et aux avocats présents dans la salle d’audience de l’apercevoir.
A en croire l’avocat de la victime, l’audition fût ‘émouvante et extrêmement digne. Elle n'a pas fait dans la démonstration durant son témoignage. Elle s'est maîtrisée et ne s'est pas effondrée’, a déclaré Me Alain Molla qui salue le ‘courage’ de sa cliente.
Toutefois, selon toujours son avocat, Mama Gallédou n’a pas reçu les réponses qu’elle attendait. Pour lui, ‘ il n'y a pas eu de réponse satisfaisante des deux agresseurs. C'est révoltant’, explique Me Alain Molla qui déplore que les deux auteurs présumés n'aient pas voulu s'exprimer sur les circonstances précises du drame. ‘Plus l'audience avance, moins les prévenus parlent. On est dans l'échec le plus total. C'est une attitude de mépris pour Mama et sa famille’, a-t-il dit au journaliste de Reuters. Mama Gallédou s’interrogeait sur plusieurs points de l’incendie dont elle est victime : ‘Qui a mis le feu ? Pourquoi on m'a laissé brûler ? A quoi vous pensiez lorsque vous êtes partis en m'abandonnant ? Comment ce groupe s'est organisé pour en arriver là ?’, rapporte son avocat qui informe qu’’eux refusent de parler de ce projet fou de mettre le feu à un bus’.
L’avocat des deux enfants prend leur défense pour dire : ‘Même s'ils ont participé à un acte abominable, ce ne sont que des enfants. Ils n'ont pas la capacité de s'exprimer autrement’, a défendu Me Michel Lao. Reconnaissant tout de même que ‘les questions étaient légitimes, mais les réponses difficiles à apporter’.
‘C'est désespérant de ne pas arriver à arracher un bout de vérité de la bouche d'un adolescent’, a déploré Gilbert Collard, l'avocat de la conductrice du bus. Pour lui, ‘on a affaire à des jeunes qui ont la tête dure comme des murs de prison. Plus la souffrance est grande, plus l'exigence de vérité est nécessaire et plus le silence qu'on y oppose est insupportable’.
Malgré tout, la victime, confie son avocat, n’est pas animée de ‘haine’, mais d’une ‘grande colère’.
Le témoignage par visio-conférence a duré environ une quarantaine de minutes. Après, elle s’est retirée dans une bibliothèque du tribunal pour écouter les plaidoiries des avocats. Mama Gallédou est arrivée au tribunal dans la matinée à bord d’une voiture et dans la discrétion, cachée aux journalistes pour l’épargner de la pression médiatique dont elle dit avoir une peur bleue. Ses soins médicaux suivent toujours leur cours. Elle se soigne toutes les quatre heures pour atténuer ses douleurs.
Le verdict doit être connu aujourd’hui et les enfants, âgés de 15 ans, encourent une peine maximum de 15 ans d’emprisonnement.
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