Pourquoi avez-vous pris le pouvoir ?
Nous n’avons pas voulu le prendre, nous y avons été contraints. La situation économique est terrible. Les institutions sont bloquées. L’ex-président a essayé de monter les parlementaires les uns contre les autres. Par son dernier acte - le limogeage, par décret, des commandants des quatre corps de l’armée, ndlr -, il a voulu diviser l’armée, la dernière institution à fonctionner normalement. En réalité, c’est Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui a tenté de faire un coup d’Etat contre la démocratie. Nous, nous n’avons fait que sauver la Mauritanie.
La sauver de quoi ? Le président que vous venez de renverser a été légitimement élu et les libertés individuelles n’ont jamais été aussi grandes.
Les libertés sont là, c’est vrai. Mais ce n’est pas Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui les a instaurées, ce sont les militaires qui ont pris le pouvoir le 3 août 2005 et organisé des élections démocratiques. Ce président a été pris en otage par des lobbies affairistes et tribaux qui voulaient le démantèlement du pays. Nous avons voulu empêcher la dérive.
Vous vous portez garant de la démocratie mais, le 7 août, des manifestants soutenant Sidi Ould Cheikh Abdallahi ont été dispersés par des gaz lacrymogènes…
Ce n’est pas une contradiction. Cette manifestation n’était pas autorisée. Nous sommes dans un Etat de droit, il faut le respecter.
L’arrestation de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, que vous avez organisée, contrevient précisément à l’Etat de droit…
Non, elle le protège, car en nous limogeant, le président allait mettre le pays à feu et à sang.
Quel sort réservez-vous à Sidi Ould Cheikh Abdallahi ?
Il est pour l’instant enfermé dans la résidence d’accueil du palais des congrès, dans de bonnes conditions, et ne se plaint de rien. Nous le libérerons dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de le contraindre à l’exil. S’il veut participer à la vie politique du pays, pourquoi pas. Mais je ne pense pas qu’il en ait envie.
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