Attendu ce lundi dans la capitale guinéenne, le président Compaoré s’investit ainsi dans une mission difficile voire incertaine au pays de feu Conté. Il a été désigné, vendredi dernier, facilitateur de la crise qui secoue la Guinée par le président en exercice de la Cedeao, le président nigerian, Oumar Yaradoua. Le chef de l’Etat burkinabé, qui est un habitué des crises difficiles, arrive à Conakry dans un contexte très tendu. La position de la junte militaire et celle des Forces vives de la nation semblent aujourd’hui inconciliables.
Le chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara, rejette la proposition faite par ses opposants qui réclament l’envoi d’une force neutre en Guinée pour assurer la sécurité de la population. Il refuse aussi de reconnaître sa responsabilité et celle de son armée dans la répression barbare et inhumaine qui aura coûté la vie à plus de 157 innocents, le 28 septembre dernier à Conakry. L’homme fort de Conakry, qui excelle dans la manipulation et la démagogie digne des régimes dictatoriaux que la Guinée a d’ailleurs connus dans le passé, ne semble guère éprouver des remords pour le crime qu’il vient de commettre contre son peuple. Il accuse ses opposants d’avoir conduit les victimes à la boucherie.
De son côté, l’opposition visiblement traumatisée par la violence inouïe commise sur des populations désarmées dont le seul tort est d’avoir voulu exprimer leur opinion sur l’avenir de leur pays, ne veut plus discuter avec un président aux mains souillées de sang. Plus grave encore, le président guinéen avoue son incapacité à mettre de l’ordre dans son armée, composée de voyous, de vandales, de drogués, de violeurs, et de criminels impénitents. Ces bourreaux du peuple font aujourd’hui honte à l’Afrique. Ils donnent aussi raison à tous ces racistes, de par le monde, qui considèrent à tort, les Africains comme des barbares, des sous-hommes, des bons à rien, bref des gens qui ‘ne sont pas encore rentrés dans l’histoire’.
Comment Dadis Camara peut-il aujourd’hui prétendre diriger la Guinée s’il n’est même pas capable d’imposer la discipline au sein de son armée ? Il tente de rejeter la responsabilité de l’anarchie qui règne dans l’armée guinéenne sur les régimes précédents en oubliant qu’il est aussi comptable de cette situation. En donnant l’ordre de massacrer son peuple, Dadis Camara a perdu toute crédibilité. Il a raté l’occasion unique de rentrer par la grande porte dans l’histoire de son pays à l’image d’Amadou Toumani Touré au Mali et de Jerry Rawlings (Ghana). Il semble ignorer l’adage populaire qui dit : ‘Celui qui règne par les armées périra par les armes’. D’autres sanguinaires dictateurs, qui avaient exercé le pouvoir avant lui, l’ont appris à leurs dépens. Le cas d’Idy Amin Dada d’Uganda et de Samuel Doe du Libéria, pour ne citer que ceux-là, est là pour nous le rappeler. Après tout, comment peut-on faire confiance à un homme qui ne respecte pas sa parole d’honneur ?
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