Dans certains villages, on raconte comment le corps d’un disparu a dirigé ses porteurs jusqu’à la porte de celui qui lui a ôté la vie. Certains Ivoiriens estiment que c’est précisément ce qui s’est produit le 13 juillet dernier, lors de la cérémonie des quatre personnes tuées dans l’attentat manqué contre le premier ministre Guillaume Soro. Après les discours et les décorations à titre posthume, les dépouilles des deux responsables du protocole de la Primature et des deux militaires devaient être acheminées vers leur dernière demeure.
Les auteurs de l’attentat désignés ?
C’est à ce moment que le cercueil du caporal Diomandé Siaka, garde du corps de Guillaume Soro, a opposé une résistance. Il s’obstinait à avancer vers la bâche abritant plusieurs ministres ivoiriens, ainsi que des représentants de la force militaire française Licorne et de la mission des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Sous la pression d’un cadre de l’armée qui voulait éviter un « scandale », les six porteurs se démenaient pour redresser la direction du cercueil, d’après les quotidiens L’Inter et Soir Info. Finalement, les militaires sont parvenus à placer le cercueil récalcitrant dans le corbillard. Reste que l’événement, auquel beaucoup d’Ivoiriens ont assisté derrière leur petit écran, a été diversement interprété. D’aucuns considèrent que le caporal de 36 ans cherchait à désigner les auteurs de l’attentat raté. Une thèse qui incriminerait notamment l’Onuci. Joint par Afrik, Hamadoun Touré, porte-parole de la mission militaire onusienne dans le pays, a déclaré que « l’Onuci ne souhaite pas faire de commentaires sur ce genre de questions ». Il précise cependant que « l’Onuci n’est absolument pas impliquée dans l’attentat contre Guillaume Soro ».
A chacun son interprétation
Un Ivoirien qui a souhaité conserver l’anonymat nous indique que la piste du cercueil accusateur est « fantaisiste ». Il ajoute qu’il « n’y accorde aucun crédit », car il n’y a pas de preuves scientifiques, et n’exclut pas « une manipulation ». Et de conclure que « tout cela entraîne plus de questions que de réponses ». Un flou qui a poussé la Radiotélévision ivoirienne (Rti), qui a diffusé les images de la cérémonie, à opter pour la prudence. Interrogé par Afrik, un journaliste de la Rti souligne : « On a juste balancé l’image sans prendre position. Les images parlent d’elles-mêmes et le commentateur n’a pas voulu prendre la responsabilité de les interpréter. Un journaliste se doit d’être précis, de démontrer ce qu’il avance. Or, il n’y a aucune preuve que le cercueil voulait désigner qui que ce soit ». Tout est donc affaire d’interprétation et de croyances. En témoigne Méïté Sindou, porte-parole du premier ministre, qui aurait déclaré à Soir Info : « Peut-être que le garde du corps voulait toujours servir son patron ».
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