Le désarmement d'abord ; l'identification ensuite. Tel semble être l'ordre que l'éminence grise du régime, Simone Gbagbo, aurait préconisé à l'occasion de la mise en place d'une coalition dont l'objectif est de constituer une 'machine électorale' pour Laurent Gbagbo.
Mme Simone Ehivet Gbagbo, l'épouse du chef de l'Etat ivoirien Gbagbo Laurent et Secrétaire générale du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd) a déclaré mercredi à Abidjan, que son mouvement exigeait le désarmement des rebelles avant l'identification des populations, dans la perspective des prochaines élections générales. 'Le désarmement d'abord. Absolument. Comment est-ce que vous allez faire l'identification avec des troupes armées qui se promènent sur une partie du territoire, qui empêchent la circulation des biens et des personnes. Ce n'est pas possible. On ne peut pas faire l'identification sans avoir fini le désarmement', a, notamment, affirmé Mme Gbagbo, au cours d'une conférence de presse, à l'issue de la première réunion du bureau de son mouvement qui regroupe tous les partis politiques et les associations formant la 'galaxie patriotique'.
La Secrétaire générale du Cnrd, qui a été incontestablement créée pour faire pièce au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), dont les têtes de file sont le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci, l'ex-parti unique) et le Rassemblement des républicains (Rdr, opposition libérale), fait de la tenue des élections d'octobre prochain son principal objectif. 'Forcément, nous pensons aux élections. Parce que pour nous, il est important que la Côte d'Ivoire organise des élections cette année 2006. Et que ces élections permettent de faire élire un Ivoirien accepté par la majorité de la population, la majorité des électeurs ivoiriens, pour que notre pays sorte définitivement de la crise', a-t-elle indiqué. 'Evidemment, pour que des élections puissent être organisées, il faut que le désarmement ait été fait. Et, pour qu'ensuite après le désarmement, on puisse faire l'identification, établir des listes électorales et aller aux élections', a encore insisté celle que ses compatriotes appellent la Première dame.
Réagissant par rapport aux propos tenus récemment, à Korhogo (environ 700 km au nord d'Abidjan) par le président du Rdr, l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, appelant les populations du Nord à échanger les Kalachnikovs contre des cartes d'identité, l'épouse du chef de l'Etat s'est dite en phase avec le principal opposant au régime de son mari. 'Si c'est lui qui le dit, je suis tout à fait heureuse de l'apprendre. Parce que les Kalachs, il faut savoir qui les a distribués. Et moi, mon souhait c'est qu'effectivement les Kalachs disparaissent de la Côte d'Ivoire', a notamment affirmé la Secrétaire générale du Cnrd ajoutant que les cartes d'identité étaient 'absolument indispensables'.
Porté sur les fonts baptismaux le 2 mars dernier à Abidjan, le Congrès national de la résistance pour la démocratie est effectivement piloté par le Fpi, avec le concours du Rassemblement pour la paix (Rpp), association dirigée par Laurent Dona Fologo, le président du Conseil économique et social (Ces), de quelques petites formations politiques satellites et, surtout, de la myriade d'organisations regroupant les 'Jeunes patriotes'. Selon la charte qui a été signée par tous les adhérants, le Cnrd a pour vocation première la lutte pour la démocratie et la défense des valeurs républicaines. Mais de l'avis des observateurs et de certains de ses membres les plus éminents, comme l'écrivain Bernard Dadié, qui assume d'ailleurs la présidence du bureau, cette structure n'est, ni plus ni moins, qu'une machine électorale à la disposition de M. Laurent Gbagbo dont la candidature à la prochaine présidentielle ne semble plus faire le moindre doute.
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