Dakar, 29 avr (APS) - La France, comme la plupart des pays développés, aura besoin de ‘'deux fois plus d'immigrés'' à l'horizon 2050, en comparaison des années 90, rapporte le quotidien français Le Monde.
‘'Ce besoin d'immigration'' devra impérativement être satisfait. ‘'Faute de quoi, le déclin de la population sera inévitable'', écrit le journal dans son édition de samedi, citant une étude des Nations unies publiée à la mi-mars par la division de la population du département des affaires économiques et sociales de l'institution internationale.
S'appuyant sur l'étude détaillée de huit pays à basse fécondité (Allemagne, Etats-Unis, Fédération de Russie, France, Italie, Japon, République de Corée et Royaume-Uni), l'étude arrive à la conclusion qui suit : si un pays comme la France veut avoir, en 2050, le même nombre d'habitants qu'aujourd'hui, elle serait dans l'obligation ‘'d'accueillir un million et demi d'immigrants entre 2025 et 2050''.
‘'Si, mieux encore, elle veut maintenir stable le nombre des personnes en âge de travailler, alors, il lui faudrait doubler le niveau du début des années 199O. En clair, accepter la venue de 5,5 millions d'immigrés supplémentaires entre 2010 et 2050 - soit, en moyenne, 136 000 étrangers de plus chaque année''.
Mais si, d'aventure, les gouvernants français souhaitent garder le ‘'rapport de support potentiel'' (c'est-à-dire le nombre de personnes en âge de travailler pour une personne de plus de 65 ans) identique à celui de 1995 (soit un rapport de 4,4), alors, les choses risquent d'être plus délicates : il faudrait que la France accepte d'accueillir ‘'vingt à quarante fois'' plus d'immigrés qu'elle ne l'a fait durant ces dix dernières années.
Dans ce cas, précise l'étude onusienne, les ‘'immigrés post-1995 et leurs descendants'' représenteraient, en 2050, ‘'plus des deux tiers'' des habitants de la France.
Comparés à d'autres pays d'Europe, comme l'Estonie, la Bulgarie et l'Italie, qui vont perdre, du fait du vieillissement, entre un quart et un tiers de leur population, ‘'les défis que la France doit relever sont bien moins périlleux'', rapporte le journal.
Pour le géographe Gildas Simon, fondateur et ancien responsable du laboratoire de recherche Migrinter (CNRS, Poitiers), ‘'on est très en dessous des niveaux atteints historiquement par les migrations''.
Mais il nuance également les conclusions des experts de New York, qui ‘'tendent à démontrer que, si un pays riche veut se maintenir à niveau, il lui faut, théoriquement, un nombre extrêmement élevé d'immigrés''.
‘'Les dynamiques migratoires ne fonctionnent pas de manière mécanique, explique-t-il. Par ailleurs, il faudra tenir compte, pour l'avenir, des recompositions en cours dans le cadre de la mondialisation, notamment celles de l'économie du travail aux différentes échelles, du global au local''.
Pour autant, reconnaît-il, les grandes tendances que dessine le rapport de l'ONU sont ‘'de l'ordre du vraisemblable''. Pour les experts onusiens, les pays riches ont bénéficié, pendant la seconde moitié du XXe siècle, de circonstances démographiques exceptionnelles, parenthèse enchantée qui leur a permis de distribuer ‘'des revenus relativement généreux à leurs retraités, sans que le coût soit trop fort pour la population active''.
Désormais, conclut le rapport, les démocraties vieillissantes doivent avant tout se préoccuper du long terme, comme, par exemple, ‘'fixer un nouvel âge de la retraite''.
SD/BK
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