SPECTACLE - Concert de Ablaye Cissoko, joueur de kora : Ballade musicale dans un cadre intimiste

Ablaye Cissoko, le joueur de kora, était hier sur la scène de l’Institut culturel français pour une représentation intimiste et émouvante.

Une chaise trône au milieu de la scène. Rien de plus. Le décor est épuré au maximum. Pourtant, Ablaye Cissoko rayonne. Son charisme occupe tout l’espace. Il ne dit rien et commence à jouer. Le son de sa kora est envoûtant, mélodieux. «Fermez les yeux et laissez-vous guider, lance le chanteur d’une voix calme et grave. Imaginez que vous êtes en pleine mer, sur une pirogue.» On ferme les yeux. C’est parti pour la ballade. Sa voix haute rappelle la houle de la mer, ses accords claquent comme les vagues contre la pirogue. On y est. Dès son premier morceau, intitulé Ba, Ablaye Cissoko pose le décor et nous emmène dans son univers. Son concert sera intimiste et le cadre de l’Institut culturel français se prête parfaitement à ce genre de prestation.

«Je vais vous raconter l’histoire de mon arrière, arrière, arrière grand-père.» Il débute le morceau, l’arrête, poursuit son histoire et recommence à jouer. «Est-ce que ça vous a calmé ?», demande le conteur du soir à la fin de la chanson. Assurément, le public est calmé, mais pas endormi. Il apprécie et suit Ablaye Cissoko dans la ballade qu’il propose.

Le concert devient encore plus personnel. «Je vais vous chanter un morceau qui s’intitule Niamo Koro. C’est la première femme de mon père, car le vieux, il en avait 5 et 21 enfants», confie-t-il, l’air amusé. «Niamo Koro, c’est elle qui m’a élevé. J’avais des rapports très sincères avec elle.» Le ton grave de sa voix, quand il parle, contraste alors celui aigu qu’il arrive à sortir dès qu’il se met à pousser la chansonnette. Son instrument est comme le prolongement de sa main. Et l’accord parfait entre la musique et sa voix fait planer une sérénité rare sur scène.

Puis, Ablaye Cissoko sort de son contexte familial. Il ne reste pas centré sur lui-même et chante, avant tout, pour les autres. Il met en exergue le problème des talibés qui mendient et vivent dans des conditions déplorables, les dérives de certains daaras. «C’est un vrai fléau !», lance-t-il avant d’ajouter : «Chaque fois que je monte sur scène, que je suis devant un public, peu importe le nombre de spectateurs, je chanterai pour les talibés.» A la fin de la chanson, l’artiste se lève, salue le public et s’en va. Mais, conquis, les spectateurs le rappellent. Il revient, pour un dernier tour de piste.