Le président Abdoulaye Wade a dit qu’il veut une célébration du Centenaire de la naissance de Senghor «avec l’éclat approprié». Hier, à Sorano, devant quelques sommités venus d’ailleurs, Senghor a été sans aucun éclat, parce que improvisé par ceux-là mêmes qui sont en charge du projet, notamment le ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé.
«Au nom du président Abdoulaye Wade, Protecteur des arts et des artistes, je déclare ouverte l’année Léopold Sédar Senghor et souhaite plein succès à toutes les manifestations à travers le monde». Les applaudissements qui ont salué cette déclaration du ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé, Mame Birame Diouf, pêchent de convenance. Du bout des doigts, timides, expression plutôt d’une profonde amertume et d’une réelle désolation en ce dimanche 05 Mars au théâtre national Daniel Sorano, jour du Lancement officielle de la célébration du Centenaire de la naissance du président Léopold Sédar Senghor. Sorano a une capacité d’accueil de mil cent vingt-huit (1128) places assises. En ce «grand jour» (Mame Birame Diouf dixit), devant des invités dont certains - comme le ministre malien de la Culture, Cheikh Omar Cissoko - ont dû geler leurs activités pour rehausser de leur présence la cérémonie en hommage à Senghor, il y avait moins de deux cents (200) personnes, les hôtesses et des travailleurs du théâtre y compris. En réalité, on avait l’impression d’être dans un club très restreint d’amis qui prenaient plaisir à s’écouter parler et à s’applaudir mutuellement autour de l’ambassadeur Mame Fatim Guèye, Secrétaire générale de la Commission nationale pour la Francophonie, de Roger Dehaybe, Commissaire à l’Année Senghor, d’Hervé Bourges, journaliste-auteur et de Edouard Maunick, poète. Excédé, un des officiels invités par le Sénégal a lâché : «c’est triste !».
Ce lancement du Centenaire sénégalais l’a été dans l’impréparation la plus inadmissible, en faisant fi des directives du président Abdoulaye Wade qui, comme l’a rappelé le ministre sénégalais de la Culture lui-même en ouvrant à Douta Seck le séminaire de concertation sur le Programme national de célébration du centenaire, c’était le mardi 4 octobre 2005, «souhaite que le centenaire (Ndlr : de la naissance de Senghor) soit célébré avec l’éclat approprié». Car «il s’agira d’une occasion non seulement de nous réapproprier des balises utiles et puissantes du Maître regretté mais aussi, et surtout, de faire connaître à la jeunesse une œuvre et un itinéraire exemplaires». Hier, à Sorano, à défaut d’éclat, la célébration a été plutôt (é) plate. Un responsable au ministère de la Culture nous a fait savoir, sous ce rapport, que son département s’y était d’ailleurs pris très tard avec les invitations. Il s’est dit désolé du fait que «le lancement que l’on voulait grandiose se soit soldé par un fiasco du point de vue de la mobilisation».
En vérité, une fois le séminaire du mardi 4 octobre 2005 clos, ceux qui ont en charge l’organisation du Centenaire de la naissance de Senghor ont agi comme si plus rien ne devait se passer. L’événement n’aurait même pas été budgétisé comme nous l’annoncions dans une de nos récentes publications. Et rien n’a été sérieusement planifié au moment où partout à travers le monde, les festivités battaient leur plein selon des chronogrammes élaborés.
Bref, le Sénégal a lancé officiellement hier sa célébration du Centenaire. Si l’on tient compte des inquiétudes émises ici et là, les chargés du projet vont fonctionner au pilotage à vue et au bricolage. Au final, c’est l’esprit de la célébration tel que décliné par le président Abdoulaye Wade qui aura alors été trahi.
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