ASI24 – (Dakar) La musique et la télévision au Sénégal n’ont pas été épargnées par la numérisation dans l’industrie musicale et l’avènement de la téléréalité, inventée aux Pays-Bas à la fin des années 90, a dit à ASI24 la journaliste, animatrice, Seynabou Sy, dans un entretien exclusif.
Selon l’initiatrice de Musique Ebène et Ebony, la « musique vit une crise mondiale » et le Sénégal n’échappe pas à la tendance. Dès le début, la réalité de la crise s’est traduite en France par la « migration » des maisons de disque « naguère essentiellement établies dans les plus beaux quartiers de Paris" vers d’autres zones beaucoup plus modestes. "L’industrie du disque a vu ses revenus divisés par 4, voire plus, en quelques années à peine".
La cause de ces changements s’explique notamment par la politique des maisons de disques, qui "ne parlaient plus en termes d’artistes mais en termes de produits. Alors que la musique, comme toute oeuvre culturelle, n’est certainement pas un produit de consommation comme un autre".
« Du coup, l’artiste a perdu sa substance. Avant il était libre, il était inspiré et avait à coeur de s’exprimer sans penser à la démarche mercantile. Ce n’est plus possible aujourd’hui. Désormais, l’image de l’artiste a pris le pas sur son essence. A croire que la quantité de couvertures de magazines faites par un artiste est devenue plus importante que la qualité de son oeuvre », a constaté Seynabou Sy.
Selon elle, la musique sénégalaise n’a pas échappé à la mutation, elle en veut pour preuve la diminution des grands classiques « dans notre musique ». « A l’instar de ce qui se fait ailleurs, trop de musiciens sénégalais se préoccupent beaucoup de leur image au détriment de la créativité. Or, l’image est importante mais la créativité est primordiale. »
Seynabou Sy est cependant d’avis, que le Sénégal est « à la recherche de certaines de ses valeurs perdues ». « Nous sommes dans une phase de transition. Mais j’ai confiance », a-telle précisé.
S’agissant de la télévision, la journaliste estime que le phénomène de la téléréalité « qui n’a pas non plus épargné les chaînes sénégalaises », a « bouleversé la télévision » depuis son avènement aux Pays-Bas, avec les producteurs Endemol. « Tout le concept de la télévision s’est vu transformé. Avant, on passait dans une émission parce qu’on était quelqu’un, aujourd’hui on devient quelqu’un parce qu’on est passé à la télévision. »
Pour Seynabou Sy « la téléréalité est même allée plus loin ». « elle a bouleversé les sociétés, entraînant des changements dans les mœurs et au niveau médiatique et culturelle » dit-elle.
"Aujourd’hui la télévision a besoin de se renouveler et cela passera forcément par plus de sincérité, de créativité et d’imagination, affirme l’ancienne responsable des programmes de la chaîne MCM (1996), présentatrice sur CFI et la SABC (Afrique du Sud).
Initiatrice du festival Musique Ebène et du magazine mensuel Jet-Set -dont la parution est actuellement interrompue-, Seynabou Sy, « artiste et passionnée », nourrit d’ailleurs des projets sur le petit écran.
« La télévision qui me faisait rêver n’existe plus vraiment, mais j’aime ce média et je pense qu’il est toujours possible de développer des concepts originaux et enrichissants pour le téléspectateur ».
La « fonceuse », qui se « soucie » de son « énergie », s’investit également dans des oeuvres humanitaires, notamment dans le cadre de la lutte contre le paludisme, avec l’initiative Bracelets4Nets (Bracelets Pour Moustiquaires). Elle est la présidente de l’organisation AfricAware. (www.africaware.net)
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