Création Africaine : Me Wade « modélise » Dakar

Me Wade sait « ciseler », « ourler » et produire, au finir, œuvre d’art. Les stylistes et créateurs africains et d’ailleurs ne s’attendaient certainement pas à son « ouvrage » d’hier dimanche dans la vaste salle des banquets du palais de la République qui n’a pas manqué de… « charme », mais surtout d’utilité. Un espace d’exposition permanente à la Place du Souvenir. Un numéro spécial d’un magazine pour la publication des créations qui ont participé à la manifestation de Dakar.

Une soirée de la mode panafricaine fixée au dernier samedi du mois de mars de chaque année ou tous les deux ans à la Place du Souvenir. Un accord de siège. Un siège avec bureaux fonctionnels à Dakar. Les collègues de Collé Ardo Sow et elle-même étaient hier dimanche 30 mars aux anges au palais de la République où l’hôte des lieux leur offrait audience et petite collation, eux qui étaient en partance pour Saly Portudal sur la Petite Côte pour y dérouler l’une des étapes de l’édition démarrée le vendredi 28 mars à Dakar. Le chef de l’Etat n’a point été avare en promesses. Il était encore sous l’envoûtement des « créations » du continent qui se sont, dans le cadre « du plus bel espace », gracieusement exprimées samedi. Il a offert à tour de bras. Il a plutôt « investi » sur la mode et sur sa capitale : Dakar qu’il a ainsi « modélisée » pour l’Afrique devant Mme Wade, le président du Sénat, Pape Diop et Agibou Soumaré, le Premier ministre, tous présents à l’audience hier.

Seidnaly Sidhamed, alias Alphadi, le styliste Touareg, comme à son habitude a été chaleureux… Tout de générosité, il a décrété que Me Abdoulaye Wade « était le président de tous les Africains ». Les « libéralités » à l’endroit des créateurs et stylistes africains de celui qui les recevait après avoir présidé la veille le clou de la 4e édition de « Sira Vision » ont certainement « ouvert » le cœur de l’artiste ému. Il ne s’est point retenu pour complimenter le président sénégalais. Le créateur ne s’est également pas privé de « commettre » l’avocat Wade pour que les « banquiers et les financiers africains » investissent dans la création du continent. Une demande qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

Pour Me Wade en effet, il faut soutenir les stylistes et créateurs. Lui et son gouvernement sont tout à fait disposés à aider la création et les créateurs. Car, « le développement de l’Afrique passe par la créativité. Les ressources financières, on peut les trouver. Le Sénégal n’a ni pétrole, ni rien, mais nous avons l’imagination et la capacité de trouver des ressources. En défendant bien nos propres ressources, nous avons de quoi construire l’Afrique… Il n’y a pas de développement sans ressources humaines de qualité.

C’est le pari que je fais ici au Sénégal en dépensant 40% du budget annuel de l’Etat pour l’éducation. La moyenne de dépense dans l’éducation en Afrique c’est tout au plus 22%, dans certains pays, cette moyenne est à 8%.. Pour moi, ceux qui font le développement sont les hommes et les femmes. C’est pourquoi j’ai investi à moyen et long terme. Peut-être que tout ce que je dépense dans l’éducation ne se voit pas aujourd’hui. Mais dans 10 ans, 15, 20 ans, les gens seront surpris de ce que sera le Sénégal. Quand ceux qui n’auront pas investi comme nous dans l’éducation seront à la recherche de gens pour maintenir des acquis chez eux, le Sénégal aura ces ressources humaines en abondance », a signifié le chef de l’Etat qui martèle : « le bon choix c’est la formation, ce sont les ressources humaines de qualité ».

C’est la raison pour laquelle, a-t-il poursuivi, « dans toutes les catégories où se révèlent des gens capables de créer, j’investis. Ce que vous faites entre dans le cadre du développement de l’Afrique. C’est pourquoi vous méritez d’être soutenu par tout le monde. Je me ferais votre avocat auprès de mes pairs pour que l’on vous crée les conditions. La créativité ne peut se faire que quand on est débarrassé de certains soucis… ». Suivent alors les cinq propositions présidentielles citées plus haut que Alphadi s’est empressé de « recueillir » au nom de ses collègues regroupés dira-t-il au sein de la Fédération des stylistes et créateurs de mode qu’il préside depuis le rappel à Dieu de Chris Seydou son premier président.

La « reine » peulh Collé Ardo Sow qui n’avait pas fini de boucler « sa Sira Vision », de toucher les cimes. La compagne du notaire Pape Sambaré Diop, diplômée de l’Institut de Coupe et de Haute Couture de Paris, pouvait dire hardiment : « je suis très fière d’être une Sénégalaise et d’avoir mener ce combat ».

Celle qui a créé sa griffe en 1983 à Dakar peut effectivement goûter aux délices de la victoire. Son édition, comme à l’accoutumée, a du beau monde. Ils et elles sont venus de tous les coins du continent et d’ailleurs répondre à son invitation. Ils ont défilé et étalé leur créativité. Ils ont séduit et sont séduits par Dakar. Le tout couronné, cerise sur le gâteau, par les offres présidentielles.

Collé, celle dont l’atout principal dans le métier est d’être la première à utiliser le pagne tissé à des fins vestimentaires a réussi son pari. Et Me Wade de l’accompagner pour faire de Dakar la capitale de la mode africaine. Le chef de l’Etat a demandé aux stylistes de lui laisser le temps d’organiser une rencontre avec les hommes d’affaires et autres bailleurs pour un financement conséquent de l’industrie de la mode africaine.