CELEBRATION DE LA NAISSANCE DU POETE-PRESIDENT / CONVICTION - Roger Dehaybe, Commissaire de l’«Année Senghor» à l’Oif : «Senghor était un authentique visionnaire»
L’Organisation internationale de la Francophonie n’a pas lésiné sur les moyens pour célébrer l’année Senghor. Et pour une meilleure coordination des différentes activités, un commissaire a été désigné avec pour mission que tout se déroule dans les règles de l’art. Roger Dehaybe, puisque c’est de lui qu’il s’agit, marque ici ses convictions sur un homme qui était en avance sur son époque.
Dans un entretien qu’il a accordé à nos confrères de Jeune Afrique paru dans le numéro 2386 du 1er au 7 octobre 2006, Roger Dehaybe le commissaire de l’année Senghor à l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), a rendu un vibrant hommage au président-poète. Selon lui, la pensée de Senghor au demeurant magnifiée par une rhétorique et un charisme certains, a permis, au fond de nourrir les idéaux politiques de tout un peuple. Ainsi, pour M. Dehaybe, des questions aussi cruciales que l’identité et l’immigration trouvent des réponses de bon sens chez Senghor. Cependant, Roger Dehaybe reconnaît au président-poète qu’il considère comme le premier altermondialiste, une particularité. Celle d’analyser avant d’agir. «Le professeur qu’il a toujours été cherchait d’abord à comprendre puis à expliquer historiquement, philosophiquement, puis politiquement les choses avant d’agir», explique-t-il.
Le commissaire de cette année commémorative, dit être surpris par l’ampleur prise par les manifestations à travers le monde. «Nous avons organisé ou labelilisé quelque 2 200 manifestations dans le monde. C’est inespéré. L’exposition Senghor que nous avons créée à cette occasion est présentée au Kazakhstan, au Kirghizistan, mais aussi au Portugal ou aux Etats-Unis», note-t-il. Mais, selon M. Dehaybe, ce qui est curieux dans tout cela, c’est de constater que ces évènements se déroulent bien au-delà de l’espace strictement francophone. Pour l’ancien administrateur général de l’agence intergouvernementale de la francophonie, cette ampleur s’explique par deux raisons. La première tient à la «volonté personnelle» de son successeur et actuel secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, d’en faire un évènement majeur. Et, la seconde raison relève d’un contexte géo-culturel international qui prête à se pencher sur l’œuvre de Senghor. En effet, la révision de l’œuvre poétique et politique de Senghor permet de constater qu’il traitait publiquement des thèmes qui sont aujourd’hui d’actualité. Ce qui fait dire à M. Dehaybe dans son entretien que le président-poète était un authentique visionnaire. «L’adoption par l’Unesco en 2005 (avec l’aide de la francophonie) de la convention pour la diversité culturelle n’est que l’aboutissement d’une thèse défendue par Senghor, notamment à l’Onu en 1961. Elle consistait à prôner le dialogue des cultures comme moyen d’édifier une civilisation de l’universel qu’il appelait de ses vœux», affirme-t-il. Selon Roger Dehaybe, l’héritage de Senghor est éminemment culturel et les traces qu’il laisse dans le «discours toujours périlleux» sur le colonialisme en est la preuve.
Senghor de son vivant aurait, selon M. Dehaybe, probablement applaudi des deux mains la réalisation du Musée du Quai Branly. Car, cette réalisation représente l’aboutissement de ce que Léopold Sédar Senghor aurait souhaité faire pour célébrer, entre autres, l’universalité des arts nègres.
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