En route vers la Havane, le président Omar Ahmed El Béchir du Soudan a fait hier une escale technique à Dakar. Une occasion, pour lui, de rencontrer son homologue sénégalais, le président Abdoulaye Wade à qui il a demandé de continuer à mener ses efforts visant à mettre fin à la crise du Darfour.
Le président Béchir n’a pas manqué de remercier son homologue sénégalais pour l’intérêt particulier qu’il porte au Soudan « mais surtout pour les efforts qu’il ne cesse de déployer pour la résolution du conflit au Darfour ». selon Omar El Béchir, le président sénégalais est connu à l’échelle de l’Afrique par ses efforts visant à trouver des solutions aux problèmes. C’est ainsi qu’il s’est félicité de voir que Me Abdoulaye Wade a joué un rôle très important dans l’accord de paix au Darfour signé à Abuja. « Le Sénégal a aussi contribué dans l’envoi de troupes de l’Union Africaine au Darfour, et dans la normalisation des relations entre le Soudan et le Tchad », a indiqué le président Béchir.
L’entretien entre les deux chefs d’Etats a permis au Soudanais d’expliquer la position de son pays sur la transition entre les troupes de l’Union africaine et celles des Nations unies. « Certains médias hostiles au Soudan ont fait état d’un renvoi des troupes africaines par le gouvernement soudanais. Notre position est que les forces africaines doivent continuer leurs missions au Darfour et que celles-ci ne soient pas transmises aux troupes des Nations Unies », a souligné Omar El Béchir.
Il ajoute que dans l’accord de paix au Darfour signé à Abuja, il a été clairement mentionné que toute faction qui ne signerait pas serait déclarée contre la paix et devrait par conséquent être sanctionnée. « Nous voyons maintenant l’inverse. Ceux qui viennent de former une nouvelle coalition dénommée Front du salut mènent des combats contre les troupes du gouvernement soudanais et reçoivent de l’assistance militaire en provenance de l’Erythrée et du Tchad. Cette coalition est contre la faction signataire de l’accord d’Abuja et reçoit la visite de certains Occidentaux. Ce qui veut dire qu’il y a certains milieux qui encouragent cette coalition anti-paix au Soudan, d’autant que le chef de cette faction se trouve en France et rencontre des responsables partout en Europe », déplore le président Béchir.
S’exprimant sur l’intervention des Nations Unies au Soudan, le président Abdoulaye Wade qui a salué l’excellence des relations entre son hôte et lui, a expliqué que l’intervention des Nations Unies est une décision prise par l’ensemble des pays africains y compris le Sénégal après appréciation de la situation et des informations fournies par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. « La position de l’Afrique a été que nous n’avons pas les moyens, ni en troupes, ni en finances, de régler le problème du Darfour. Il fallait donc faire appel au Conseil de sécurité. À côté des présidents Obasanjo et Mbecki, je fais partie de ceux qui ont pris cette décision », a déclaré Maître Abdoulaye Wade.
Conseil de sécurité
Il a toutefois indiqué qu’il bénéficie d’une proximité avec le Soudan qui lui a permis d’apprécier l’évolution de la situation. « En prenant cette décision, nous avions pensé que le Soudan accepterait et qu’il fallait simplement faire du maintien de la paix en évitant que les rebelles s’entredéchirent, ou que les rebelles et le gouvernement se fassent la guerre », a encore expliqué Me Wade. Il ajoute qu’à ce moment, personne ne pouvait prévoir ce qui se passerait, c’est-à-dire, le refus du Soudan d’accepter la présence des forces des Nations-Unies.
Selon le président Wade, le grand risque est maintenant l’armement des troupes des Nations Unies en matériel adéquat pour éventuellement imposer la paix. « Quand on dit imposer la paix, c’est envisager le risque de guerre et de confrontation. Alors devant une telle situation, je ne croise pas les bras. Je cherche les moyens de sortir de cette situation », a déclaré Me Abdoulaye Wade.
Une réunion entre chefs d’Etat africains annoncée
Ayant l’avantage d’être dans une position qui lui permet de connaître les intentions des uns et des autres, Me Abdoulaye Wade a révélé que depuis la semaine dernière, il est en contact avec beaucoup de chefs d’Etat africains pour des consultations sur cette situation.
C’est ainsi que la réunion prévue le 18 septembre prochain à New York entre chefs d’Etat sera mise à profit pour réfléchir sur la situation actuelle. Elle permettra sans doute de déterminer ce que l’Afrique doit faire.
« Le président Béchir m’avait demandé de l’aider à renforcer l’accord d’Abuja qui est refusé par deux leaders, nous sommes en train de les localiser pour les inviter à Dakar où ailleurs afin de les amener à exprimer les raisons de leur refus de cet accord », a dit Me Abdoulaye Wade.
Le président Béchir lui a appris la formation du Front du salut dont les membres occupent une partie du territoire du Darfour. « Donc la situation est extrêmement sérieuse », a indiqué Me Wade, selon qui, il existe des éléments nouveaux à intégrer.
Il a enfin affirmé qu’il ne « s’auto- appropriait » pas les négociations au Darfour, et qu’il serait même d’avis que le président Obasanjo soit mêlé aux discussions.
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