EMBARQUEMENT VERS LE CHAOS
Le Sénégal est à la dérive, le pays, contre sa volonté suit le cours d’un vent plus fort que la force de ses bras, plus fort que le rythme de ses pagaies. Nous voguons dans une mer agitée, vers les élections de 2007, occasion pour tout opposant ou simplement déçu de l’alternance de sanctionner ce régime qui n’a pas pu ou voulu répondre aux attentes des citoyens électeurs, notre cher pays est à la dérive, SUNUGAL dérive vers un triangle plus traumatisant que les Bermudes, notre triangle de turbulences étant la trilogie gouvernement – services d’ordre et de sécurité publics (et maintenant l’armée ? ! ! !) – opposition. Le régime de l’alternance est en fin de mandat. Les électeurs, dans la sérénité et la conscience de leur pouvoir, symbolisé par le bulletin de vote, espèrent naïvement pouvoir manifester et voir réaliser leur volonté aux échéances à venir. Les signes qui se dessinent ces derniers mois me rendent perplexe ; une CENA qui se débat, des inscriptions sur les listes électorales encore incertaines, un projet de loi pour un vote éventuel des militaires…., et demain ? ! !
Ces turbulences répétées risquent de faire chavirer l’embarcation bien avant terme, le peuple, déçu de ses hommes politiques de quelque couleur politique qu’ils soient, ne va plus se laisser mener en bateau. Le Sénégal ne mérite pas le tableau qui le représente, la misère, la détérioration des conditions d’hygiène et de vie, la dégradation des mœurs, la famine, les religions qui (r) entrent dans la danse …Tout cela contribue à attiser la colère, la haine et finalement la révolte. La Division des Investigations Criminelles, et même toutes les armées du monde ne peuvent rien contre un peuple en colère. J’en appelle donc à la sagesse des autorités pour donner, pendant qu’il est encore temps ?, des conditions de déroulement d’élections libres et transparentes comme celles qui ont amené Maître WADE à la Magistrature Suprême en mars 2000. « Il n’y a rien de constant si ce n’est le changement ».
BOUDDHA.
Mais le Sénégal n’a plus d’opposition, une opposition qui s’oppose vraiment. Le paysage est constitué d’hommes politiques qui, « mammouth » ou revenant précoce, ne semblent pas entendre les cris de détresse des citoyens qu’ils sont sensés représenter. On peut même se demander aujourd’hui, pourquoi le régime se sert de la DIC pour dicter sa loi dans la mesure où, cette opposition qui apparaît dans le paysage politique ne semble pas à la hauteur des ses ambitions. Le pouvoir perdu et aux abois se défend comme il peut ? On ne peut dire qu’il le fait raisonnablement. Des élections normalement organisées risquent malheureusement de confirmer Maître WADE à la tête du pays et au pire des cas pour lui et pour son entourage, son « fils » rebelle, déshérité, et qui se réclame toujours du domaine paternel : le PDS. Dans le jeu actuel, la violence semble jouer et jouera fatalement contre le pouvoir en place. S. FREUD disait qu’il existe une relation intime entre la violence et la frustration, l’explosion émotionnelle de la violence étant une manifestation brutale de la frustration, « la violence est cette impatience dans le rapport avec autrui, qui désespère d’avoir raison et choisit le moyen cours pour forcer l’adhésion ». Elle vous enferme sur vous-même et vous coupe des autres. La logique gouvernementale, comme celle de toute la cour autour du régime de Maître WADE laisse paraître un reniement de tout dialogue, de toute écoute du peuple qui les a placés au sommet de l’Etat. « La question est de savoir dans quels cas et jusqu’à quel point nous sommes obligés d’obéir à un système injuste. On dit parfois qu’il n’est jamais nécessaire d’obéir dans de telles conditions. ( …) Quand la structure de base d’une société est suffisamment juste (…) nous devons reconnaître comme obligatoire les lois injustes, à condition qu'elles ne dépassent pas un certain degré d'injustice… » J. Rawls : Théorie de la justice (1971), Coll. La couleur des idées, seuil, 1993. Le Sénégal est une République, « res publica », tout sénégalais patriote peut et doit user de moyens à sa disposition pour donner son avis immédiat ou différé dans la gestion du pays. Tout sauf l’armée, de grâce ; la place de ce noble corps est dans les casernes. La neutralité politique ne peut que les honorer, et les faits constatables dans certains pays voisins nous donnent des raisons de redouter une militarisation du pouvoir par cette porte ouverte des autorités qui font feu de tout bois pour garder la chaleur de leurs fauteuils. Quand je contemple notre cher Sénégal, je me désole, mais quand je le compare avec certains voisins gagnés par l’entrée en politique de leurs hommes en tenue, je me console. Militaires de carrière oui, mais militaires votants, non. La scène politique est bien colorée, bien fournie en cavaliers prétendants qui, dans une ambiance de bal masqué tournent et retournent leurs vestes au gré des circonstances. On ne sait plus qui est qui et qui fait quoi. Le Père de la Nation est aujourd’hui entouré d’hommes et de femmes qui, la plupart n’ont pas voté pour lui et ne sont certainement pas ses meilleurs conseillers, ni sa sonde fiable de la température tellement élevée du peuple malade. Thiès, une ville, des gars. La ville phare du paysage politique sénégalais, rebelle, fidèle, à l’image de tout le reste du pays, ne se laissera pas avoir par des prétendants qu’il n’a pas choisis, le Théâtre Historique des Impertinences Electoralistes des Sénégalais ( T.H.I.E.S ) a toujours été militant inconditionnel contre les mariages forcés. A nous tous, citoyens, mais surtout patriotes, de rester debout, droit dans nos bottes pour en 2007, élections ou pas, mettre fin à la souffrance agonisante du commun des sénégalais.
Ahmadou FALL mailto:fallniang@aol.com
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