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Afrique

Tunisie : le gouvernement vote la confiance d'un gouvernement de technocrates

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Le Premier ministre tunisien, Hichem Mechichi, lors de son discours avant le vote de confiance du Parlement, le 1er septembre 2020, à Tunis
Le Parlement tunisien a voté, dans la nuit de mardi à mercredi, la confiance au nouveau gouvernement de technocrates, formé la semaine dernière par le Premier ministre désigné Hichem Mechichi. Le pays espère ainsi mettre fin à des mois d'instabilité politique.

Les députés tunisiens ont approuvé, dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 septembre, un gouvernement de technocrates, le second cabinet en six mois, écartant la possibilité d'une dissolution sans pour autant mettre fin aux tensions politiques dans la jeune démocratie.

L'équipe constituée par l'ex-ministre de l'Intérieur Hichem Mechichi, composée de juges, universitaires, fonctionnaires et cadres du privé, a obtenu 134 voix sur 217.

"Je suis fier de ce soutien", a déclaré Hichem Mechichi à l'AFP à l'issue du vote, ajoutant que le gouvernement pourra "avancer sur les problèmes économiques, du moment qu'il ne se retrouve pris dans aucun tiraillement politique".

Après un bras de fer entre le président Kaïs Saied, un universitaire farouchement indépendant, et la formation d'inspiration islamiste Ennahda, principal bloc parlementaire, le président tunisien avait chargé fin juillet Hichem Mechichi de composer une équipe apolitique, à contrecourant des principaux partis.

Mais c'est paradoxalement grâce à Ennahda et à ses alliés, dont le parti libéral Qalb Tounès, que le Premier ministre Mechichi arrive au pouvoir, un retournement augurant de nouvelles tensions.

"M. Saied voulait un Premier ministre à ses ordres, la présidence est beaucoup intervenue dans la composition du gouvernement, et M. Mechichi a fini par se retourner et aller chercher le soutien des partis pour s'affirmer comme chef du gouvernement", explique Hamza Meddeb, expert pour le centre Carnegie.

Vingt-cinq ministres et trois secrétaires d’État

Pour le président du Parlement et chef de file d'Ennahda Rached Ghannouchi, l'Assemblée "a montré qu'elle était le cœur du pouvoir dans ce pays". Ce gouvernement "peut régler les problèmes économiques, sanitaires, sécuritaires, je suis persuadé de sa réussite", a-t-il ajouté.

Ennahda, Qalb Tounes et d'autres ont néanmoins exprimé d'importantes réserves sur le cabinet, qu'ils espèrent remanier rapidement.

Les ministères régaliens ont été confiés à trois spécialistes du droit, sans carrière politique et inconnus du grand public.

Le ministre de la Défense, Ibrahim Bartagi, est un professeur de droit exerçant dans l'université où travaillait Kais Saied. Mohamed Boussetta, ministre de la Justice, est un magistrat. Taoufik Charfeddine, ministre de l'Intérieur, est un ex-avocat, pilier de la campagne électorale du président à Sousse.

Au total, le gouvernement compte 25 ministres et trois secrétaires d'État, dont huit femmes, et pour la première fois un ministre non voyant : Walid Zidi, un enseignant chercheur nommé ministre de la Culture.

Relancer la production de pétrole et de phosphate

Avant le vote, Hichem Mechichi, un énarque de 46 ans, a présenté ses priorités : arrêter l'"hémorragie" des finances publiques en relançant notamment la production de pétrole et de phosphate — entravée par des manifestations de chômeurs —, mais aussi réformer l'administration tunisienne et protéger les plus démunis.

Ce vote écarte la perspective d'une dissolution de l'Assemblée moins d'un an après son élection, qui aurait risqué d'exaspérer une opinion publique préoccupée par la situation économique du pays.

Ennahda "a trouvé quelqu'un avec qui elle espère pouvoir faire des compromis", souligne Hamza Meddeb. Mais "il y a une cacophonie au sommet de l'État, on entre dans une crise, et Kais Saied risque de mener la vie dure à ce gouvernement".

Le gouvernement sera chargé de reprendre les discussions avec le Fonds monétaire international, dont le programme quadriennal a expiré au printemps, alors que la Tunisie peine à boucler son budget.

Hichem Mechichi a mis en garde contre une situation "difficile" et des "indicateurs dangereux", avec un endettement de 80 milliards de dinars, et une somme de 7,5 milliards de dinars (environ 2,5 milliards d'euros) à rembourser en 2020.

Il devra également faire face au chômage, propulsé à 18 % par la crise sanitaire qui a mis le tourisme à l'arrêt, au rebond de la pandémie, et aux déficits de l'important secteur public, une gageure en l'absence d'un solide soutien parlementaire.


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