À peine composé, le gouvernement d’Elyes Fakhfakh fait déjà face à de sérieuses difficultés. Si plusieurs membres du cabinet annoncé samedi soir sont issus d’Ennahdha, ce parti avait indiqué un peu plus tôt dans la journée qu’il se retirait du gouvernement.
« La décision d’Ennahdha met le pays dans une situation difficile qui nous oblige à étudier les possibilités juridiques et constitutionnelles », a déclaré Elyes Fakhfakh. « Nous avons décidé avec le président de la République de mettre à profit ce qui reste des délais constitutionnels » pour chercher une issue, a-t-il ajouté, laissant entendre que la liste pourrait notamment être modifiée.
Elyes Fakhfakh, ancien ministre des Finances, a été nommé le 20 janvier par le président Kaïs Saïed après l’échec d’un premier cabinet, formé sous la houlette d’Ennahdha suite aux législatives du 6 octobre, et largement rejeté par le Parlement. Elyes Fakhfakh dispose d’un délai d’un mois pour former un cabinet susceptible de convaincre la majorité des députés.
La liste qu’il a présentée samedi compte une moitié de personnalités présentées comme indépendantes, notamment chargée des ministères régaliens. Parmi les ministères qui devaient revenir à des membres d’Ennahdha figurent la Santé, le Transport ou encore l’Enseignement supérieur.
Ennahdha réclame la formation d’un gouvernement d’unité nationale incluant le deuxième parti au Parlement, Qalb Tounès, formation libérale dirigée par le magnat des médias Nabil Karoui, poursuivi pour fraude fiscale. Mais celui-ci avait été écarté des négociations.
« Ennahdha a décidé de ne pas participer ni de voter la confiance à un gouvernement qui aurait été trop faible » (sans la participation de Qalb Tounès, ndlr), a déclaré Abdelkarim Harouni, président du conseil de la choura d’Ennahdha, organe consultatif du parti.
« Elyes Fakfakh peut encore négocier, mais il ne lui reste plus beaucoup de jours », a-t-il souligné, évoquant la possibilité, si le Premier ministre renonce à présenter un cabinet, que le président Saïed désigne un nouveau chef de gouvernement.
À défaut de parvenir à un gouvernement d’ici le 15 mars, Kaïs Saïed aura la possibilité de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections anticipées, organisées dans un délai de trois mois. Tant qu’un nouveau cabinet n’obtient pas la confiance du Parlement, le gouvernement sortant continue à gérer les affaires courantes.
« Nous souhaitons éviter de nouvelles élections, mais nous n’avons pas peur d’y aller, surtout avec une loi électorale améliorée », a assuré Abdelkarim Harouni. Un projet de loi contesté visant à faire passer le seuil électoral à 5% a été adopté vendredi en commission, ouvrant la voie à un vote sur ce texte qui renforcerait l’emprise des gros partis, alors que le Parlement actuel est morcelé en une vingtaine de formations.
0 Commentaires
Participer à la Discussion