Au Kenya, la situation inquiète particulièrement dans les quartiers défavorisés où la promiscuité et la pauvreté pourrait aggraver la situation du coronavirus. Kibera est le plus grand bidonville du pays. Certains disent que plus d’un million d’habitants y vivent avec en moyenne 1 dollar par jour. L’arrivée du Covid-19 est une catastrophe pour cette population défavorisée.
Issaka Matoke passe la tondeuse dans les cheveux d’un de ses rares clients de la journée. Cela fait cinq ans qu’il travaille comme coiffeur à Kibera et jamais il n’a vu une telle situation. Il n’a plus que deux clients par jour. Et certains ne sont pas à l’aise, car il doit les toucher. Or il n’a pas d’argent pour acheter du savon ou des gants. Une partie refuse donc de rester. Si ça continue, Issaka Matoke devra fermer, car il ne pourra plus payer ses 60 dollars de loyer mensuel.
Dans la boutique d’en face, le boucher Jeffrey Mogo connaît la même équation insoluble, moins de clients et inflation. Comme les gens sont au chômage, les habitants achètent moins de viande dont le prix a augmenté. Les Masaïs qui viennent vendre le bétail dans le bidonville sont ralentis par le confinement partiel et les barrages autour de Nairobi. Au final, beaucoup de viande invendue qu’il doit jeter. Jeffrey Mogo aimerait acheter un congélateur. Mais à 400 dollars, c’est pour lui hors de prix.
Ces commerçants observent la situation avec un calme mélangé à de la fatalité, mais pour d’autres, la colère monte. Wycleaf Lubana est chômeur. Il accuse le gouvernement de détourner le regard. Il dit se sentir abandonné. Kibera n’a reçu aucune aide. « Les élus sont invisibles. Les gens survient en attendant la mort », dit-il. Il demande de l’eau, de la nourriture, des médicaments pour la population sinon, les gens se comporteront comme des animaux luttant pour leur vie.
Beaucoup craignent d’ailleurs que si la crise se prolonge, la faim poussera les habitants de Kibera à commettre des crimes pour survivre.
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