A la cour d’assises de Paris, Franck Alexandre
« Le devoir du soldat c’est de respecter la loi », annonçait en préambule Annie Grenier, l’avocate générale. Et son réquisitoire balaie tous les arguments de la défense. Balayée la légitimité de l’acte au vu du contexte, le fameux, ‘un mal pour éviter le pire’.
« Bien sûr qu’il était possible de faire autrement. L’ordre de tuer était illégal et tous les accusés le savaient ! », martèle Annie Grenier.
Balayée l’excuse de la contrainte, cette force irrésistible qui conduit l’individu à agir sans pouvoir faire autrement. « Le brigadier Shnir qui maintient le corps de Mahé, quand Raugel l’étouffe, était-il sous la contrainte irrésistible ? Absolument pas ! », dénonce la procureur. « Le brigadier Ben Youssouf, qui conduit le véhicule et qui dit n’avoir rien vu, je n’y crois pas ! », poursuit-elle.
Balayé, l’argument du colonel Burgaud, qui dit avoir reçu l’ordre de tuer Mahé, du général Poncet. La chaîne de commandement s’arrête à son niveau et sa responsabilité est extrêmement lourde. « Sans lui, rappelle l’avocate générale, rien n’aurait été possible ».
Peine requise pour le colonel : cinq ans de réclusion criminelle, cinq ans dont deux ans avec sursis pour l’adjudant Raugel qui a tué Mahé. Deux à trois ans avec sursis pour le brigadier Shnir, et six mois avec sursis pour le brigadier Ben Youssouf.
Un quantum faible pour un homicide volontaire. Mais l’avocate générale l’avoue, c’est une affaire exceptionnelle. C’est la première fois qu’une cour d’assises doit juger des militaires pour des faits commis en opération extérieure. Et là, la justice manque de repères pour sanctionner les accusés.
2 Commentaires
Père Roquet
En Décembre, 2012 (11:02 AM)Comment un pays signataire de la charte des Droits de l'Homme et qui prétend s'enorgueillir d'avoir aboli la peine de mort peut-il appliquer un tel verdict à des personnes qui, en son nom, se sont érigés en juges et en bourreaux pour, sciemment, infliger la peine de mort à une personne dont la culpabilité n'a aucunement été établie (et était rien qu'à ce titre présumée innocente). Faut-il le rappeler, les militaires, fussent-ils en opération, ne sont ni juges ni bourreaux.
Cette "compréhensivité" de ce qu'il convient d'appeler la "justice française" est déshonorante pour la prétendue "terre des Droits de l'Homme". Elle montre que pour elle, la vie n'a pas la même valeur selon que l'on est français ou pas, de race blanche ou non, en France ou hors de France, ...
Ce que ces militaire français ont fait à ce Firmin Mahé est identique à ce qu'avaient fait jadis les soldats nazi dans les camps de la mort. Mais à ces derniers, lors du procès de Nuremberg, on n'a reconnu (et à raison) aucune circonstance atténuante y compris quand ils ont prétendu n'avoir fait qu'appliquer des ordres reçus de leurs chefs.
Honte à la France !!!!
Bergoff
En Décembre, 2012 (18:00 PM)Participer à la Discussion