Le 26 septembre 2002, le bateau le Joola sombrait au large de la Gambie, emportant avec lui plus de 1 800 personnes. Suffisant pour que ce naufrage soit la plus grande catastrophe maritime de l’histoire. Parmi ses multiples causes, la surcharge. Prévu pour transporter 580 personnes, le bateau avait à son bord plus d’un millier de passagers. Toutefois, dix ans après ce drame, les Sénégalais semblent ne pas retenir les leçons et continuent toujours de surcharger les véhicules, à l’image des minibus Tata. Ces moyens de transport effrayent aujourd’hui plus d’un, par la manière dont ils sont surchargés. Seulement, pour les chauffeurs, ce problème est provoqué par les clients.
La surcharge qui a été l’une des causes du naufrage du bateau le Joola continue toujours d’être pratiquée par les Sénégalais. Dans les véhicules de transport en commun, ce phénomène est très fréquent. C’est le cas des minibus de marque Tata. En effet, ces voitures sont, aujourd’hui, bondées de passagers. Remplis comme un œuf, ils circulent chaque jour dans les rues de la capitale, constituant ainsi un véritable problème, bref un potentiel ‘’Joola’’. Seulement, loin de trouver un remède à ce danger, chauffeurs et usagers se rejettent la responsabilité. Un tour au Terminus des Parcelles Assainies nous a permis de recueillir l’avis des acteurs du transport sur la question. Il était 13 heures passées à notre passage, le lieu était un peu calme. Seuls quelques clients attendaient le départ dans les voitures. Au même moment, les chauffeurs devisent entre eux, attendant leur tour pour reprendre le volant. Dans ce garage, quatre lignes prennent le départ pour le centre-ville, en l’occurrence Petersen. Il s’agit des lignes 2, 5, 25 et 26 ; des véhicules très surchargés tout au long de leur trajet. Interrogés sur ce phénomène anormal, les chauffeurs rejettent la responsabilité sur les usagers. Selon eux, ce sont les clients qui leur imposent la surcharge. «Quand on ne les prend pas aux arrêts, ils nous insultent. De ce fait, on est obligés de les laisser embarquer. Ce qui crée la surcharge », fait savoir Matar Sakho, conducteur à la ligne 25. Abondant dans le même sens, Djiby Touré, superviseur, pense que les clients, la peur d’arriver en retard faisant, embarquent même si les véhicules sont remplis de monde. Pour lui, le chauffeur ne peut pas interdire à ces clients pressés de monter dans son bus. Sinon, ce sont les autres usagers qui, selon lui, vont lui crier dessus en prenant leur défense. Lui emboîtant le pas, le régulateur des lignes de ce garage, Papiss, affirme que la surcharge dans les cars est un problème sans solution, dans la mesure où les gens qui sont, d’après lui, chargés de lutter contre cela, en l’occurrence les forces de l’ordre, sont gagnées par la corruption. « Les forces de l’ordre, au lieu de sanctionner, nous soutirent de l’argent. En plus eux, ils prennent les bus surchargés. Si on refuse de les prendre dans les arrêts, ils prennent nos immatriculations pour nous fatiguer après», poursuit le sieur Touré.
Du côté des usagers, cette surcharge qui devient de plus en plus récurrente, est un mal nécessaire. Trouvé assis confortablement dans le bus 2, Lamine Sonko souligne que même si ce phénomène est dangereux, il s’impose à eux et devient difficile à éradiquer. «Il n’y a pas assez de voitures et les populations augmentent. C’est la demande qui est de loin supérieure à l’offre», avance-t-il. Assis à côté de lui, un autre passager, sous le couvert de l’anonymat, partage son point de vue. Pour lui, l’Etat aura bien sensibilisé, mais le problème sera toujours présent. D’autant plus que souligne-t-il, les gens ont la mémoire courte. «Au lendemain du naufrage, les populations semblaient avoir pris conscients. Mais quelques mois après, ils ont tous oublié que la surcharge a causé le naufrage du bateau. Toutefois, la manière dont sont surchargés les Tatas, est très inquiétante», déclare le passager.
Ainsi, en dépit du drame du ‘’Joola’’, dû à la surcharge, les Sénégalais courent aujourd’hui le même risque avec ces véhicules pleins de monde qui circulent à longueur de journée dans les rues de la capitale. Et à la veille de la commémoration du dixième anniversaire de cette catastrophe maritime, il urge de prendre les mesures idoines avant que l’irréparable ne se reproduise.
Les bus à longue distance, l’autre danger permanent
Appelés «horaires», les véhicules qui font les longues distances pratiquent également la surcharge. Ralliant en général Dakar aux villes les plus reculées de l’intérieur du pays, ils sont très souvent chargés de beaucoup de bagages ; ce qui inquiète aujourd’hui certains usagers. « Ces voitures n’ont pas le droit de dépasser 50 cm du porte-bagage. Mais aujourd’hui, ils vont jusqu’à 1 à 1,5 mètre de dépassement. C’est très dangereux parce que ces voitures font de très longues distances sur des routes défectueuses», laisse entendre Djiby Touré, un ancien conducteur de bus. Faisant le trajet Dakar / Diaobé, il se dit très choqué de la manière dont sont remplis de bagages ces bus. Pour lutter contre cela, il recommande une présence plus importante des forces de l’ordre sur les routes, afin que les bagages transportés dans ces voitures ne se voient pas au-delà de 50cm, et éviter ainsi les accidents. Habitué à prendre ces horaires pour aller à son Fouta natal, Ousmane Kâ pense, quant à lui, qu’il appartient à l’Etat de trouver une solution en interdisant une bonne fois pour toutes la surcharge dans tous les moyens de transport en commun, pour ne pas revivre des drames comme celui du 26 septembre 2002.
6 Commentaires
Kkkkkkkkkkkkkkk
En Septembre, 2012 (20:51 PM)Papy
En Septembre, 2012 (22:59 PM)Ggfh
En Septembre, 2012 (10:13 AM)Mahamba
En Septembre, 2012 (16:58 PM)Et aux agents de Police de faire appliquer le respect des normes de transport......?
Concernant les transporteurset les chauffeurs,c'est une question de fric.......IL FAUT FAIRE SA Journée...?
Le risque passe aprés(Dogol lou Yalle)...20 places = 20 personnes
Le carnage suffit
Cilene
En Septembre, 2012 (23:40 PM)Griot Moderne
En Décembre, 2012 (14:46 PM)Participer à la Discussion