En publiant, ce jeudi 26 décembre 2024 , son rapport annuel, le groupe Caminando Fronteras a pointé du doigt les causes de la hausse des naufrages de pirogues et des décès de migrants tentant d’atteindre les côtes espagnoles. Si le chiffre a presque triplé durant ces 3 dernières années en passant à 10. 457 personnes c’est, selon le rapport, à cause d’une omission du devoir de sauvetage.
L'Ong Caminando Fronteras a analysé les causes de l'augmentation des naufrages des pirogues de migrants, tentant d’atteindre les côtes espagnoles. Pointant du doigt l'omission du devoir de sauvetage, elle affirme que « l'absence d'activation en temps utile des protocoles de sauvetage et la pénurie de ressources dans les opérations de sauvetage ont augmenté le nombre de décès ». L’organisation met également en garde contre la priorité donnée au contrôle des migrations sur le droit à la vie, les politiques migratoires étant axées sur la prévention de l'arrivée des migrants, « même au prix de vies humaines », ce qui accroît le nombre de naufrages et de disparitions ».
« De nombreux sauvetages n'ont pas été activés à temps même lorsque l'emplacement des navires en danger était connu »
Le rapport souligne également que l'externalisation des frontières est une autre cause de cette augmentation. « La responsabilité du sauvetage est transférée à des pays disposant de ressources limitées, ce qui aggrave la capacité à répondre à ces situations d'urgence », indique le rapport. Il ajoute que de nombreux sauvetages « n'ont pas été activés à temps », même lorsque l'emplacement des navires en danger était connu. « Le manque de coordination internationale et les retards dans l'assistance ont été des facteurs clés dans les chiffres dévastateurs », indique le rapport.
Il estime également que la « criminalisation et la stigmatisation » des organisations sociales et des membres de la famille qui signalent des personnes en danger nuisent à l'efficacité des opérations de sauvetage.
Helena Maleno dénonce la « profonde défaillance » des systèmes de sauvetage et de protection.
La dernière cause est : les conditions d'extrême vulnérabilité qui entraînent l'utilisation d'embarcations précaires, la pénurie d'eau, de nourriture et de matériel de navigation, et les conditions météorologiques défavorables qui rendent le voyage difficile. Face à tout cela, Helena Maleno, coordinatrice de la recherche, met en garde contre la « profonde défaillance » des systèmes de sauvetage et de protection, et demande que « la priorité soit donnée à la protection du droit à la vie, au renforcement des opérations de recherche et de sauvetage, et à la garantie de la justice pour les victimes et leurs familles ».
Le sort des femmes et enfants à la frontière
Le rapport souligne la présence de femmes sur les routes migratoires, le pourcentage le plus élevé se trouvant sur les traversées de l'Atlantique, en particulier sur les canots pneumatiques entre Agadir et Dakhla (Maroc).
Ces femmes, pour la plupart en transit, « sont confrontées à la violence, à la discrimination, au racisme, à l'expulsion et à la violence sexuelle », indique le rapport, qui précise que nombre d'entre elles voyagent avec des enfants nés sur la route et survivent dans des conditions extrêmes grâce à la mendicité, à la prostitution et à des emplois précaires, ce qui les rend plus vulnérables au recrutement par les réseaux de trafiquants d'êtres humains.
Hausse du nombre de femmes prenant les pirogues du Sénégal, de la Gambie et la Mauritanie
L’autre élément relevé dans le rapport de l’ong est le nombre de femmes voyageant dans des pirogues depuis le Sénégal, la Gambie et la Mauritanie. Ayant augmenté, beaucoup d'entre elles fuient la guerre et l'impact du changement climatique. La présence de femmes sur la route des Baléares depuis l'Afrique centrale et occidentale, via la Libye et la Tunisie, s'est également accrue. Caminando Fronteras a également constaté une augmentation de la présence d'enfants et d'adolescents sur les routes migratoires de l'Atlantique, du détroit de Gibraltar et vers les îles Baléares, et dénonce « le manque de protection et de garanties de la part des autorités ».
Les mineurs sont traités comme une « monnaie d'échange politique, exposés à des discours de haine et à la vulnérabilité ».
Le cas des mineurs. Le sort de ces migrants n’ayant pas encore atteint la majorité est au cœur d’un débat politique en Espagne tout au long de l’année. Selon toujours le rapport, les mineurs sont souvent traités comme des migrants plutôt que comme des enfants. Ils sont utilisés en « monnaie d'échange politique, exposés à des discours de haine et à la vulnérabilité ». Il souligne également la situation à Ceuta, où la traversée à la nage reste l'une des principales routes migratoires, en particulier pour les enfants et les adolescents en provenance du Maroc et de l'Algérie. « Le résultat de ce contexte politique et social a été la disparition de nombreux mineurs, laissant de nombreuses victimes hors de portée de la protection publique, et faisant face à de sérieux risques pour leur santé physique et mentale »conclut-il.
1 Commentaires
Participer à la Discussion