L’évolution nous apprend que l’humanité a peut-être fait une grosse erreur en inventant des médicaments pour faire baisser la fièvre. Explications.
Chez les humains et les autres animaux à sang chaud (mammifères et oiseaux), la fièvre est une arme redoutable contre les infections. Quand un microbe (bactérie, virus, champignon) entre dans l'organisme, le cerveau déclenche une légère augmentation de la température corporelle. Ce petit changement thermique nous fait parfois grelotter, mais il booste aussi deux types de défenses immunitaires. D'une part, l'immunité innée : une réponse rapide mais non spécifique, qui agit comme une première ligne de défense. Et d'autre part, l'immunité adaptative : une réponse plus lente mais très ciblée, qui élimine efficacement l'envahisseur.
Ces deux systèmes travaillent ensemble pour protéger notre corps. La fièvre est donc un allié précieux.
Les animaux à sang froid (poissons, reptiles, amphibiens) ne produisent pas leur propre chaleur. Leur température corporelle dépend de leur environnement. Pourtant, eux aussi peuvent avoir une sorte de fièvre, mais d'un autre type : la fièvre comportementale. Lorsqu'ils sont malades, ils modifient leur comportement pour se réchauffer. Par exemple, les lézards s'exposent plus longtemps au soleil, les grenouilles cherchent des zones aux températures plus clémentes dans leur mare, les poissons nagent vers des eaux plus chaudes.
Mais cette fièvre comportementale est-elle vraiment utile pour combattre les infections ? C'est la question que se posent les scientifiques depuis quelques années.
Le tilapia du Nil en exemple
En 2023, une équipe américaine a montré, chez le poisson rouge, que cette fièvre comportementale améliore l'immunité innée, celle qui intervient tout de suite après l'infection. Dans une étude qui vient tout juste de paraître dans la revue américaine Pnas, des chercheurs chinois vont encore plus loin. Ils ont travaillé sur le tilapia du Nil, un poisson autant apprécié dans les laboratoires qu'en cuisine.
Ils ont fait deux groupes. Le premier a été infecté avec une bactérie pathogène (Edwardsiella piscicida). Le second est resté en bonne santé. Les poissons ont été placés dans un réservoir contenant trois chambres avec une eau à différentes températures : 28 °C (température normale), 31 °C et 34 °C. Résultat : ceux malades ont passé plusieurs jours dans l'eau la plus chaude (34 °C), prouvant qu'ils utilisaient bien une fièvre comportementale.
Mais ce n'est pas tout. Les chercheurs ont aussi découvert que cette chaleur supplémentaire améliorerait le fonctionnement des lymphocytes T, des cellules clés de l'immunité adaptative. En clair, la fièvre comportementale favorise une réaction rapide contre l'infection, comme l'ont montré les chercheurs américains sur le poisson rouge. Elle aide aussi à mieux la combattre sur le long terme en boostant l'immunité adaptative, ce que montre la dernière étude chinoise.
La fièvre, outil naturel de lutte contre les infections
Ces résultats confirment que la fièvre, qu'elle soit « classique » ou comportementale, est un mécanisme essentiel pour la survie des espèces car elle permet de lutter contre les infections. Elle a été conservée à travers des centaines de millions d'années d'évolution, chez les poissons, les reptiles, les oiseaux, les mammifères, et probablement chez les insectes.
Pourtant, nous, humains, avons inventé des traitements pour la faire baisser. C'est tout le paradoxe du Doliprane. Bien sûr, ces médicaments sont utiles pour éviter des complications graves. Mais si le thermomètre commence à chauffer légèrement, pas d'affolement. La fièvre fait son boulot.
3 Commentaires
Abdoulaye Diop Silla
il y a 5 jours (12:49 PM)Il fait toujours consulter les spécialistes avant de publier ce genre d'articles
Les gens peuvent avoir tendance après lecture à kauqser ka fièvre et l'être humain à une température supérieure à 40 degrés peut trépasser
A qui se fier?
si vous etes enceinte de consomer surtout pas de paracetamol prenez aspirine
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