Les lombalgies donnent lieu à six millions de consultations par an. Notre mode de vie sédentaire est en cause. Une campagne de sensibilisation est lancée.
Lombaires coincées, cervicales bloquées, nerf sciatique qui lance... Ce catalogue, les Français ne le connaissent que trop. Une personne sur cinq souffre en effet de ces maux chroniques. Six millions de consultations chez le généraliste sont occasionnées chaque année par les seules lombalgies.
Cinquante mille personnes manquent chaque jour au travail à cause d'un mal de dos, auquel la campagne lancée aujourd'hui par l'Association française de lutte antirhumatismale (Aflar), l'association de patients Francespondylarthrite et le laboratoire Abbvie invitent à ne pas « tourner le dos ».
Les plus jeunes surtout (18-39 ans) négligent ces douleurs, considérées comme chroniques si elles persistent plus de trois mois, mais qu'ils relèguent, avec le lumbago de papy, au rang de maladie de vieux. On se dit trop vite : « J'ai dû faire un mauvais geste », alors que ce peut être inflammatoire. Un jeune sur deux qui souffre admet pourtant que cela perturbe son quotidien, altère son sommeil, sape son énergie et se met — à tort — au repos de toute activité sportive.
Mal de dos, mal du siècle ? « J'entendais déjà ça il y a trente ans ! » s'exclame le docteur Henri Nataf, rhumatologue à Mantes-la-Jolie (Yvelines), qui s'est prêté au jeu pour montrer comment préserver notre dos, dans le quotidien d'un appartement parisien (voir ci-dessous).
Oui, soulignent les spécialistes, il y a une raison à ce que nous souffrions si nombreux et parfois très tôt (un enfant sur deux s'en plaint parfois dès l'âge de 8 ans). Elle tient en un seul mot : sédentarité. « Le corps de bipède de l'être humain n'est pas fait pour vivre assis, ses disques intervertébraux ne sont pas armés pour la vie moderne », sourit Henri Nataf. Le régime auto-boulot-canapé-ordinateur-dodo finit par avoir raison d'une musculature du bassin laissée à l'abandon. Pourtant, insistent les médecins, le mal de dos n'est pas une fatalité. Il se prévient -- et se guérit -- quelle qu'en soit la cause. L'idée est de conjuguer, de façon rationnelle et limitée, les médicaments anti-inflammatoires et une utilisation toute aussi rationnelle de son corps, avec postures et activité physique adaptées.
«Bouger, c'est indispensable»
Pour le Dr Virginie Pécourneau, rhumatologue, médecin du sport au CHU de Toulouse (Haute-Garonne), s'il ne faut pas tarder à diagnostiquer la cause du mal, c'est parce que, s'il traîne, il finit par limiter l'activité physique du patient. Un cercle vicieux, puisque le mal de dos trouve son origine dans l'excès de sédentarité.
A partir de quand considérez-vous qu'il faille consulter ?
VIRGINIE PÉCOURNEAU: Dès lors que le mal est chronique, qu'il dure depuis plus de trois mois et commence à limiter les activités physiques. Or, si on perd en muscles, les articulations souffrent. Mal de dos ou pas, donc, bouger c'est bien et même indispensable. Que ce soit, comme dans la grande majorité des cas, mécanique, de type lumbago ou, plus rarement (NDLR : 1 fois sur 200), inflammatoire. La différence entre les deux, à affiner en consultation bien évidemment, se distingue déjà à cette seule première question : si le mal s'aggrave au mouvement, c'est mécanique. S'il se soulage au contraire au fil de la journée en bougeant, il y a toutes les chances que ce soit inflammatoire.
Avoir mal au dos n'est donc pas une fatalité ?
Non, le plus difficile, c'est le temps du diagnostic, souvent trop long. Je peux comprendre que les jeunes qui ont mal au dos remettent à plus tard : à l'âge des études, loin de chez eux et de leur médecin traitant, ce n'est sans doute pas facile. Mais on ne peut pas balayer en se disant : Bah, c'est normal. Je vois trop de sportifs, y compris de haut niveau, qui ont traîné des années dans l'errance diagnostique parce qu'on avait trop vite mis leur mal sur le compte d'une blessure, alors qu'il se révélait inflammatoire. Dès lors que l'activité quotidienne s'en ressent, qu'on limite ses sorties par exemple, ou que l'on rencontre des difficultés au travail, il faut et l'on peut trouver un traitement qui fonctionne pour stabiliser, voire diminuer les douleurs et permettre de retrouver une vie normale, en adaptant le poste de travail, la reprise d'activités...
Et le sport ?
Hormis les sports de contact, comme le rugby, le karaté ou le taekwondo, aucun sport n'est contre-indiqué avec le mal de dos. Alors, attention : il ne s'agit pas de reprendre d'un coup trois heures de VTT si l'on n'a rien fait depuis cinq ans. S'étirer le matin, marcher, même soulever une pile d'assiettes, c'est déjà de l'activité physique. Ensuite, il faut choisir le sport adapté à son goût et ses capacités. Avec une bonne musculature, bien hydraté, de bonnes chaussures, on peut même pratiquer la course à pied. J'ai bien un patient qui a réussi un ultratrail de 180 km !
Différents types de mal de dos
Mécanique ou inflammatoire ? Ceux qui souffrent du dos l'ignorent, mais les douleurs qui les tenaillent peuvent avoir différentes origines. La plus fréquente est mécanique, causée par le port de charges lourdes, par des traumatismes sportifs ou un accident de voiture, par exemple. Le mal de dos inflammatoire est, lui, généralement causé par des maladies comme le rhumatisme.
La lombalgie aiguë ou les douleurs lombaires se résolvent le plus souvent en moins de dix jours à l'aide de paracétamol et d'un peu de repos (mais pas de repos absolu, il faut maintenir une petite activité). Elles surviennent brutalement, à l'occasion d'un effort, par exemple, et peuvent être très violentes (on parle aussi alors de lumbago). Si la douleur devient trop invalidante, n'hésitez pas à consulter un médecin. D'autant qu'elle peut revenir et même, dans environ 10 % des cas, évoluer en lombalgie chronique.
La lombalgie chronique. Elle apparaît de façon progressive. On parle de lombalgies chroniques en cas de douleurs évoluant depuis plus de trois mois, sans tendance à l'amélioration. Le traitement repose sur la prise d'antidouleur, d'anti-inflammatoire et sur la kinésithérapie. Des infiltrations de corticoïdes peuvent aussi être pratiquées et, dans de rares cas, une intervention chirurgicale peut être nécessaire.
9 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2016 (08:53 AM)Anonyme
En Avril, 2016 (11:35 AM)Assane
En Avril, 2016 (14:08 PM)Pseudo
En Avril, 2016 (15:04 PM)Pseudo
En Avril, 2016 (15:04 PM)Pseudo
En Avril, 2016 (15:04 PM)Pseudo
En Avril, 2016 (15:04 PM)Pseudo
En Avril, 2016 (15:04 PM)Pseudo
En Avril, 2016 (15:04 PM)Participer à la Discussion