Si cibler la graisse du ventre est impossible, une bonne hygiène de vie peut jouer sur la masse grasse corporelle, et indirectement sur la graisse viscérale.
a graisse viscérale, ou graisse abdominale profonde, représente un enjeu majeur de santé publique. En excès, cette graisse active sur le plan hormonal et inflammatoire peut augmenter de 70 % le risque de diabète de type 2 et de 50 % celui de maladies cardiaques. Si ce type de graisse inquiète tant, ce n'est pas pour des raisons esthétiques, mais parce qu'elle est associée à une augmentation significative des risques de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et de certains cancers. Alors, comment savoir si l'on est concerné et quelles stratégies privilégier pour réduire cette graisse problématique ? Décryptage des causes et des solutions.
Au cœur du problème : la graisse viscérale
Toutes les graisses corporelles ne se valent pas. Contrairement aux idées reçues, il existe plusieurs types de tissus adipeux, chacun jouant un rôle spécifique dans l'organisme. Le plus répandu, le tissu adipeux blanc, sert principalement de réserve énergétique et se décline en deux catégories.
D'un côté, la graisse sous-cutanée, celle que l'on voit, que l'on peut pincer entre les doigts, présente sous la peau et souvent critiquée pour ses effets supposés inesthétiques, tels que la cellulite ou les poignées d'amour. De l'autre, la graisse viscérale ou ectopique, plus profonde et nettement plus dangereuse pour la santé. « Cette graisse se loge autour de l'ensemble des organes et des viscères, comme l'intestin, le cœur, le foie, le poumon ou encore le cœur », décrit le Dr Jean-Michel Lecerf, médecin nutritionniste, ancien directeur du service de nutrition de l'Institut Pasteur de Lille et auteur de 40 idées fausses sur les régimes (Éditions Quae, 2023).
Pourquoi la graisse abdominale est un problème ?
Parce que ce tissu n'est pas inerte : il est métaboliquement et hormonalement actif, participe à l'inflammation chronique et augmente les risques de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires ou encore de troubles métaboliques. Contrairement à la graisse sous-cutanée, moins facilement mobilisable, la graisse viscérale libère plus aisément son énergie, ce qui peut sembler utile, mais se révèle délétère lorsqu'elle est en excès, en perturbant l'équilibre global du corps.
À l'origine de cette graisse abdominale plusieurs facteurs. Le tabac, le stress, une activité physique insuffisante ou une alimentation trop riche et sucrée peuvent favoriser son accumulation. D'autre part, des facteurs davantage physiologiques, comme un microbiote déséquilibré, des bouleversements hormonaux, notamment liés à l'âge ou à des conditions médicales.
Comment savoir si l'on est concerné ? Mesurer son tour de taille est déjà un indicateur, mais dépend des origines ethniques. Par exemple, au-delà de 88 cm pour une femme caucasienne et 102 cm pour un homme caucasien, le risque est accru. Pour une évaluation plus fine, des méthodes spécifiques comme l'absorptiométrie biphotonique à rayons X (DEXA) existent, mais restent réservées à des cas spécifiques. Et si ces repères varient selon l'origine ethnique, le constat reste le même : un excès de graisse viscérale est un signal d'alarme pour la santé.
L'impossibilité de cibler la graisse du ventre
L'idée de « cibler » la perte de graisse sur une zone précise relève plus du fantasme que de la réalité scientifique. « Nous ne pouvons pas éliminer les cellules adipeuses. Quand vous mangez moins, c'est la taille des cellules qui diminue et pas leur nombre », explique le Dr Lecerf. Ainsi, multiplier les abdominaux ne fera pas fondre la graisse viscérale uniquement sur cette zone. Le corps puise dans ses réserves de manière globale, selon un ensemble de mécanismes hormonaux et métaboliques complexes.
C'est donc une approche d'ensemble, soit une alimentation équilibrée, une activité physique régulière, une réduction du stress et une amélioration du sommeil, qui permettra progressivement de faire fondre les cellules adipeuses sur l'ensemble du corps, y compris autour de la taille, tout en favorisant une bonne santé. Bonne nouvelle : la graisse viscérale a toutefois tendance à diminuer plus rapidement que la graisse sous-cutanée lorsqu'on amorce une perte de poids globale.
Pour perdre du ventre, rééquilibrer son alimentation
Une alimentation équilibrée est donc un puissant levier, à la fois pour la santé et la fonte des différents types de graisses. Loin des diktats alimentaires, manger sain repose finalement sur des principes simples, accessibles et durables. « Ce qui compte, c'est de privilégier la qualité des aliments ingérés », expose Anthony Fardet, ingénieur agroalimentaire, chercheur en alimentation préventive à l'Inrae.
Le chercheur propose ainsi la règle des 3V, un cadre pratique pour une alimentation plus saine et équilibrée : privilégier les aliments Vrais, c'est-à-dire bruts ou peu transformés, en limitant les produits ultratransformés artificialisés à deux par jour maximum ; augmenter le Végétal tout en allant vers des produits animaux de meilleure qualité ; et surtout, manger Varié, en intégrant tous les groupes alimentaires, sauf contre-indications médicales.
Le Dr Lecerf ajoute à cette réflexion une dimension essentielle : la modération et le rassasiement. « Apprendre à apprécier les aliments riches, à les consommer avec plaisir et sans culpabilité, tout en respectant des quantités raisonnables, est une compétence clé pour une relation apaisée avec l'alimentation », conclut-il.
Bouger pour le plaisir et contrer le stress
Si l'alimentation joue un rôle central, l'activité physique est le second pilier pour réduire la graisse viscérale. Elle ne se résume pas à brûler des calories, mais agit directement sur le métabolisme et la santé globale. « Le mouvement améliore la sensibilité à l'insuline, favorise l'équilibre hormonal, et aide à réguler le stress, autant de facteurs liés à l'accumulation de graisse viscérale », explique le Dr Lecerf.
Les exercices cardiovasculaires, comme la course à pied, la natation ou le vélo, sont particulièrement efficaces pour mobiliser les réserves de graisse. Mais le renforcement musculaire joue également un rôle clé. « Les muscles sont des tissus actifs, même au repos, ils consomment de l'énergie. Plus la masse musculaire est importante, plus le métabolisme basal augmente », souligne Manon Clavier. Qu'il s'agisse de randonnée, de danse, ou même de jardinage, l'objectif est de bouger quotidiennement et d'y trouver du plaisir. « On ne peut pas imaginer une diminution durable de la graisse viscérale sans activité physique régulière, » assure le Dr Lecerf.
« L’activité physique, c’est un état d’esprit »
Soigner son sommeil
Souvent négligé, le sommeil joue pourtant un rôle fondamental dans la régulation de l'appétit et dans la gestion du poids. « Un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité peut perturber les hormones de l'appétit, la leptine, qui favorise la satiété, et la ghréline, qui stimule l'appétit, et dérégler ainsi les signaux de satiété », avertit Manon Clavier. La privation de sommeil peut par ailleurs augmenter également les niveaux de cortisol, une hormone qui favorise le stockage de la graisse abdominale.
Adopter une routine de sommeil régulière et veiller à la qualité de ses nuits peut donc être aussi important que surveiller son alimentation ou pratiquer une activité physique. Faire du sport, méditer, se créer un rituel coucher sont autant de bonnes pratiques qui peuvent contribuer à favoriser un sommeil de qualité.
Bannir les régimes
Face à la multiplication des régimes – qu'il s'agisse du cétogène, du jeûne intermittent, ou encore de l'obsession pour les protéines –, il est facile de se laisser tenter par des solutions rapides et prometteuses. Pourtant, ces régimes ne sont pas sans conséquences. « Ils induisent souvent une restriction cognitive, c'est-à-dire une surveillance constante de l'alimentation qui génère frustration, craquages et culpabilité », avertit le Dr Lecerf.
Au-delà des conséquences psychologiques, ces approches peuvent avoir des répercussions physiques importantes, allant jusqu'à perturber durablement le métabolisme. « Pendant un régime, on perd non seulement de la graisse, mais également jusqu'à 30 % de masse musculaire, y compris avec un apport protéique suffisant », précise le spécialiste. Cette diminution de la masse musculaire ralentit le métabolisme basal, ce qui oblige à restreindre encore davantage l'apport calorique pour continuer à perdre du poids. Ces restrictions, souvent insoutenables sur la durée, expliquent pourquoi « 90 à 95 % des personnes reprennent non seulement leur poids initial, mais parfois davantage, dans les quatre ans suivant un régime », ajoute-t-il.
Avoir une approche progressive et se faire accompagner par un professionnel qualifié sont donc essentiels pour assurer le succès d'un rééquilibrage alimentaire.
3 Commentaires
En ce qui concerne le ventre et les hanches privilégier des exercice a haute intensité du cardio 30 minutes sont suffisantes chaque jour ou 3x par semaine mais le plus important reste l'assiette, la quantité de nourriture.
Mangez jusqu'a ce que vous vous sentez bien et non jusqu'a avoir le ventre rempli il y a une différence, de plus essayez d'éviter la nourriture apres 21h, le matin rien avant 10h ou 11h, et du temps, les résultats viendront assez rapidement.
Manger dans une ASSIETTE avec les portions suivantes: 1/2 legumes (et fruits), 1/4 féculents, 1/4 proteines maigres de preference.
Suivre le systeme des MAINS pour les portions. Utilisez la paume de la main pour la proteine, une portion des 2 mains en coupe pour les legumes, un pouce pour le gras, un poing pour les féculents. Il y a également le systeme des CUP. Google est votre ami.
Il ne faut jamais manger jusqu'a ce que le ventre soit trop plein et il faut laisser le temps de digérer.
Il faut manger quand on a faim.
Si on ne reconnait pas la faim, au moins toutes les 5 heures, on peut manger de façon raisonnnable.
Il faut savourer, manger lentement.
Certains recommandent de boire un verre d'eau avant de manger.
Bonus: la pizza, pour les pizzas moyennes à larges (pate fine). Il faut ne manger qu'une seule part par repas et combiner avec des fruits et légumes. Vous congelez ou partagez le reste.
Tout disponible est gratuit sur Internet.
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