Interview avec Abbé Roger GOMIS de l'Archidiocèse de Dakar : " Les réseaux sociaux représentent pour l’Eglise un défi et une opportunité"

Les réseaux sociaux sont devenus incontournables dans la diffusion et le traitement de l'information. Presque dans chaque pays, de jeunes fidèles passent beaucoup plus de temps avec les nouveaux médias que dans la vie réelle . Face à cette vicissitude technologie, l'équipe de Social Net Link s'est intéressée aux réseaux sociaux et l'église. Peut-on lier l'église et les réseaux sociaux?

 Quel rôle doivent jouer les nouveaux médias dans l'église? 

Pour répondre à toutes ses questions, nous avons donné la parole à Abbé Rogert Gomis , Directeur du Service Diocésain de l'Information et de la Communication de l'Archidiocèse de Dakar.Social Net Link: Quel rôle doivent jouer les réseaux sociaux dans la communication de l’Église? Cette question permet de revenir sur ce que l’’Eglise catholique a célébré le dimanche 12 mai 2013, c’est à dire la 47° Journée mondiale des Communications sociales sur le thème « Réseaux Sociaux : portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces pour l'évangélisation ». Dans son message, publié au mois de janvier, Benoît XVI a invité les chrétiens à habiter le continent numérique pour y être témoins de la puissance bienfaisante de la foi, de l’espérance et de l’amour et pour y proposer leurs valeurs et leurs vérités. Les réseaux sociaux doivent permettre de partager avec d’autres des critères et des témoignages de vie, avec un souci d’authenticité et d’immédiateté. L’avenir du message de l’Eglise est aussi de voyager sur la toile

 Peuvent-ils participer à l’amélioration de la foi chrétienne? 

Les réseaux sociaux représentent pour l’Eglise un défi et une opportunité. Ils permettent d’atteindre ceux qui se sont éloignés de la foi chrétienne ou ceux qui cherchent un sens à leur vie. Toutefois, il faut préciser qu’il ne s’agit pas pour l’Eglise de transformer le message de l’Evangile en annonce publicitaire ou commerciale de Jésus, comme le soulignait le Président du Conseil Pontifical pour les communications Sociales. Mais je crois que les réseaux sociaux peuvent bien sûr contribuer à l’amélioration de la foi puisqu’ils permettent d’atteindre ceux qui se sont éloignés de la foi chrétienne ou ceux qui cherchent un sens à leur vie.

 On sait que les jeunes sont des férus de la toile, comment l'"église compte t-elle relever le défi ? 

Le premier défi à relever est celui de la présence.Tout le monde observe bien qu’il y a encore, au sein de l’église et de sa hiérachie, de lourdes réticences, des résistances ou de profondes difficultés à appréhender l’outil numérique devenu aujourd’hui incontournable. Nous avons des efforts de conversion de mentalité à faire. Ensuite il y a le défi de l’éducation, de la parole à donner à ces jeunes férus de la toile comme vous le dites. Il faut d’abord arriver à leur parler dans leur propre milieu et avec leur langage. Avez-vous déjà entamé le travail sur internet? Pour l’instant il n’y a pas un travail spécifique qui est mené dans ce sens au niveau de l’Archidiocèse.

 Nous n’avons pas encore fini de relever le défi de la présence sur la toile, qui ne se limite pas à une simple ouverture de compte ou d’un site web. Mais je peux dire que nous nous attelons à bien être présent et avoir quelque chose à dire et de façon continue. 

Tout n’est st pas rose sur internet Comment doit se comporter le jeune chrétien face aux dangers sur internet ?

 Oui, tout n’est pas rose sur la toile mais tout n’est pas mauvais non plus. Le jeune chrétien doit avoir un comportement exemplaire sur la toile car pour lui il s’agit de passer par l’outil numérique pour se poser en chrétien, offrir son témoignage de vie et annoncer la bonne nouvelle. Ce qui suppose qu’il soit authentique dans ses rapports avec les autres. Les réseaux sociaux ne traduisent que ce nous sommes et ce que nous développons à l’intérieur de nous-mêmes. Je suis conscient que ce que je dis là est un grand débat mais à mon avis ces réseaux sociaux ne sont que des outils. Tout dépend donc de l’utilisateur, de sa culture, de son éducation, des valeurs qu’il porte et qui l’animent. En plus de l’authenticité, j’ajouterai le critère de la vérité, du respect de l’autre. Le jeune chrétien ne doit pas absolutiser la puissance des réseaux sociaux au point d’oublier le caractère irremplaçables des rapports humains directs. Sans ces rapports, les réseaux sociaux n’ont plus de sens.

 Votre dernier mot? 

Nous sommes à l’ère de la nouvelle évangélisation, l’Eglise doit habiter la toile et spécifiquement les réseaux sociaux pour entrer en dialogue avec le plus grand nombre d’hommes et de femmes dans le monde. Pour terminer, je rappelle ces paroles du pape Paul VI qui disait : «L’Eglise se sentirait coupable devant son Seigneur si elle ne mettait pas en œuvre ces puissants moyens que l’intelligence humaine rend chaque jour plus perfectionnés. 

C’est par eux qu’elle proclame sur les toits le message dont elle est dépositaire ». Il y a quelques jours le Pape François invitait l’Eglise à sortir et à ne pas se replier sur elle-même. Il a même dit : «Je préfère mille fois une Eglise malade parce qu’elle a eu un accident, qu’une Eglise malade à cause de sa fermeture». Les réseaux sociaux sont donc des fenêtres et des portes grand ‘ouvertes pour l’Eglise.