Le Fonds monétaire international (Fmi) a finalement eu raison des subventions sur les prix de l'électricité. En effet, depuis l'accession de Macky Sall à la magistrature suprême, l'institution de Bretton Woods n'a pas caché son aversion pour cette subvention versée par l'Etat pour soulager les populations. Aujourd'hui, la hausse des prix de l'électricité, consacre la fin de l'ère de ces subventions qui furent de véritables airbags contre la flambée des cours du baril.
Le 15 mai 2012 déjà, alors que le chef de l'Etat s'apprêtait à prendre fonction, le Fmi annonce la couleur: «Une grande partie du creusement du déficit proviendrait du soutien aux prix de l’énergie, qui atteindrait le coût très élevé pour les finances publiques de 50 milliards en 2012 (2% du PIB). La mission encourage les autorités à remplacer ces subventions par des mesures plus efficaces et mieux ciblées sur les plus démunis.»
Avril 2014, Macky Sall prend officiellement les manettes. Il engage le pays dans une gouvernance dite «sobre». Les coûts de fonctionnement sont réduits, les investissements non prioritaires reportés. L'Etat serre la ceinture. Le Fmi saisit la balle au rebond. Il évoque une «l’intention des autorités de remplacer les subventions générales aux prix qui se révèlent coûteuses, notamment dans le cas de l’énergie, par un système mieux ciblé.» En septembre 2012, il conseille une «réduction graduelle des subventions généralisées aux prix énergétiques et alimentaires.»
Mais, porté au pouvoir par une population épuisée par des années de délestages du courant et de hausses des prix des denrées de première nécessité, Macky met la pédale douce. Il refuse de suivre le Fmi. «La subvention des prix de l'électricité sera maintenue», martèle-t-il lors de son premier discours à la nation le 31 décembre 2012. Sa phrase et les attentes du Fmi ne cadrent pas. Ce dernier le fera comprendre dans les conclusions de sa prochaine revue.
«La mission a exprimé sa préoccupation par rapport à la situation du secteur énergétique. Les subventions aux prix énergétiques ont coûté aux contribuables sénégalais plus de 160 milliards en 2012 et resteraient élevées en 2013, bien qu'en baisse. La mission considère qu’il s’agit là d’un fardeau difficilement supportable pour les finances publiques et peu justifiable», déclare le Fmi au terme de sa mission de revue.
Et depuis, le Fmi n'a pas lâché l'affaire. En juin 2013, septembre 2013, avril 2014, juin 2014, décembre 2014… bref, presqu'au terme de chacune de ses revues, de 2012 à 2017, le Fmi a signalé, rappelé et insisté sur la mise à mort de ces subventions. Mais, contre toute attente, Macky Sall, à la veille des législatives, aidé par un cours du baril très bas, annonce: «J’ai le plaisir de vous annoncer une baisse de 10% sur le prix de l'électricité à compter du premier bimestre de 2017.»
Et pourtant, le Président de la République, au lieu d'une baisse, pouvait simplement retirer la subvention de l'Etat. Mais, en réalité, l'Etat a opté pour une baisse graduelle de la subvention. Celle-ci avait amorcé une mort progressive. Taillée à 61 milliards en 2015, puis à 52 milliards en 2018, elle a été fixée à 25 milliards en 2019.
Novembre dernier, l'Etat va définitivement sceller le sort de cette compensation. Dans une correspondance adressée à la commission de régulation du secteur de l'énergie, Senelec demande si son manque à gagner sera comblé par un ajustement tarifaire ou par une compensation. La réponse de l’Etat est claire: Makhtar Cissé notifie «la décision du gouvernement de faire procéder à un ajustement des tarifs de Senelec.» Ce sera là, le dernier clou dans le cercueil de ces subventions.
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