Le pouvoir au vacillé. L’irréparable a été évité et le peuple est à féliciter. Ses dirigeants aussi. Opposants comme tenants du pouvoir, tous ont joué le jeu de la sortie de crise et les semaines à venir seront déterminantes pour la suite des évènements. L’on s’achemine, inévitablement, entre 2021 et 2024, vers un « nouveau » mandat pour le président Macky Sall.
« Je vous ai écoutés ». Mieux, « Je vous ai compris ». La formule si chère au Général de Gaulle a eu l’effet escompté dans les rangs de la jeunesse sénégalaise qui s’est fortement mobilisée, pour donner écho à un mal-être que la réélection de Macky Sall à un deuxième mandat n’a pas suffisamment pris en compte. Un deuxième mandat qui n’était pas une fin en soi, mais qui aurait dû être un correctif des erreurs du septennat, un quinquennat pour redonner l’espoir à une jeunesse désœuvrée, fortement éprouvée par les l’insuffisance des politiques publiques à elle destinées. Le retour du phénomène « Barca wala barzakh » (Barcelone ou la mort) connu dans les années 2006 a subitement refait surface, avec son lot de morts engloutis par l’océan. Sans doute, un des impacts de la Covid-19 et ses restrictions, qui ont fini d’assommer une économie mal-en-point. La pêche, un secteur en crise permanente, la gestion des ressources minières, pétrolières et gazières, la question du logement, la reddition des comptes, la fin de l’impunité, la sauvegarde et l’encadrement des libertés publiques sont autant de priorités auxquelles le nouveau Macky Sall de 2021-2024 devra s’atteler, en urgence. L’heure est donc à la réconciliation, à un nouveau départ pour un Sénégal nouveau, « un Sénégal pour tous » pour reprendre un slogan si cher à la mouvance présidentielle. Mais peut-on réaliser en trois ans ce que l’on n’a pas réussi en neuf ans de présidence ? Mieux vaut tard que jamais et Macky Sall a désormais les coudées franches pour sauver le reste de son mandat, devrait-on dire, de son « nouveau » mandat de trois ans à la tête de l’Etat.
En effet, au regard de la nouvelle configuration sociopolitique, l’idée de briguer un troisième mandat semble s’éloigner de nos tropiques et tant mieux pour la démocratie sénégalaise. Le chef de l’Etat doit donc se remettre au travail et tout de suite. En plus des paroles, seuls les actes pourront rassurer nos compatriotes qui ont hâte de voir un Macky Sall humble comme il l’a été dans son discours, un « père de la Nation » drapé dans un nouveau costume, celui de président de tous les Sénégalais. Un chef de l’Etat qui ne s’encombre plus d’une clientèle politique quelconque. Parce que le train est proche de la gare et l'arrêt, imminent. Et il va falloir, à défaut de changer de locomotive, renouveler le conducteur comme le veut la tradition démocratique qui lui a permis d’accéder à la magistrature suprême. Mais une traduction en actes des derniers engagements pris par le chef de l’Etat passent nécessairement, par la libération, sans condition, de toutes les personnes arrêtées lors des émeutes qui ont fait 11 morts sur le territoire national. La horde d'activistes et de responsables du parti d’Ousmane Sonko n’ont pas leur place en prison, mais au sein de la société parce qu’ils font le charme de la démocratie en tant qu'opposants et garants du débat contradictoire. Leur libération demeure le seul gage de stabilité à même de convaincre que Macky Sall n’est pas (ou plus) dans une logique de démantèlement d’un parti ou d’une opposition tel que le soutiennent ses adversaires politiques.
Le chef de l’Etat a donc, désormais, toutes les cartes en main pour installer la paix définitivement dans le pays. En décrétant une journée de deuil national, il pose un acte fort et rejoint implicitement le M2D dans une de ses revendications. Mais en attendant 2024, date de la fin de son second mandat, il reste un président sous « contrôle populaire » pour reprendre un terme largement relayé dans les réseaux sociaux.
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