Le président sénégalais Abdoulaye Wade revendique un rôle décisif dans la libération de Clotilde Reiss, l'universitaire française qui était assignée à résidence à l'ambassade de France à Téhéran depuis l'été dernier. Dans une déclaration au "Point" le doyen des chefs d'Etat africains a assuré avoir "piloté de bout en bout le processus qui a abouti à la libération" de la jeune femme.
"Certains veulent minimiser mon rôle, a-t-il ajouté. Y compris en France. J'ignore pourquoi. Nicolas Sarkozy, lui, sait ce que j'ai fait. Il m'a appelé pour me remercier et il a lui-même qualifié mon intervention de "déterminante". Je suppose que s'il le dit, ce doit être la vérité. Il est le mieux placé pour en juger."
Arrivé dans la capitale iranienne dans la nuit de samedi à dimanche, Abdoulaye Wade regrette notamment que "les Français aient tout fait pour que Clotilde Reiss quitte Téhéran avant que je sois là". "Mais les Iraniens l'ont fait attendre pour respecter leur engagement vis-à-vis de moi", précise-t-il aussitôt. En définitive, la jeune femme ne s'est envolée que dimanche vers 5 heures du matin pour Dubaï, où un avion gouvernemental français est venue la chercher pour la ramener à Paris (ainsi que l'annonçait lepoint.fr dès samedi soir).
Médiation "suspendue" à la demande de Paris
Le communiqué de l'Elysée ayant associé dans les remerciements français deux autres dirigeants - les présidents brésilien Lula et syrien Assad -, le chef d'Etat sénégalais précise: "J'ignore ce qu'ont pu faire les autres. Si la France les remercie, c'est qu'ils ont dû avoir un rôle. Je ne veux polémiquer avec personne. Mais je pense avoir été à l'origine et à la conclusion de cette affaire."
Le président Wade a toutefois lui-même alimenté la controverse en assurant, dimanche sur RTL, que "six mois ont été perdus" après que le conseiller de l'Elysée pour l'Afrique, André Parant, lui avait demandé, au mois de novembre 2009, de "suspendre" la médiation entreprise avec les autorités iraniennes. "Il m'a dit que la France souhaitait suivre une autre piste, qu'elle considérait comme prometteuse, et qu'il ne fallait pas risquer d'interférer. A partir de ce moment-là, je me suis donc abstenu de toute démarche - y compris lorsque le président Ahmadinejad est venu en visite à Dakar, quelques jours plus tard.
Contreparties ?
M. Wade assure avoir repris les contacts au mois de mars, après que le secrétaire général de l'Elysée eut indiqué à son fils, Karim Wade, qui a rang de ministre d'Etat au Sénégal, que les négociations avec l'Iran sur le sort de Clotilde Reiss avaient échoué. Le fils du président s'est notamment rendu à Téhéran les du 30 mars au 1er avril en compagnie du ministre sénégalais des affaires étrangères et de l'avocat Robert Bourgi, conseiller officieux de l'Elysée pour les affaires africaines et expert en diplomatie parallèle. "Après leur voyage en Iran, l'essentiel était acquis", affirme Abdoulaye Wade.
Quelles ont été les conditions de l'accord avec les Iraniens? Ont-ils exigé des contreparties, comme par exemple la libération de prisonniers iraniens détenus en France? Le président sénégalais affirme que non. "Les Iraniens ne m'ont rien demandé. Jamais ces questions n'ont été évoquées entre nous. Je les ai convaincus que libérer Clotilde Reiss serait une action humanitaire et que cela pourrait contribuer à améliorer l'image de l'Iran dans l'opinion internationale. Je crois qu'ils m'ont entendu."
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