Le parquet de Paris a classé sans suite une plainte visant les comptes de campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon en 2017, a-t-on appris vendredi de sources judiciaires et auprès de l’association anticorruption Anticor, à l’origine de cette plainte.
Dans sa décision, que Reuters a pu consulter, le procureur de la République de Paris, François Molins, rappelle cependant qu’une enquête préliminaire dirigée par le parquet de Lyon est en cours sur la campagne du candidat Macron dans cette ville, sur plainte du chef de file de l’opposition de droite lyonnaise, Stéphane Guilland (Les Républicains).
Il rappelle également qu’une enquête préliminaire sur des soupçons de surfacturation est en cours concernant les comptes de campagne du leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon à la suite d’un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). La plainte déposée le 14 juin par Anticor visait notamment des infractions constitutives de tentatives de détournement de fonds publics, abus de confiance et abus de biens sociaux.
Anticor demandait que soit examinée la responsabilité des équipes des quatre candidats, des entreprises éventuellement impliquées, de la CNCCFP, et que la justice dise “clairement si les surfacturations ou sous-facturations sont légales”. Le parquet de Paris a estimé que les infractions dénoncées par Anticor, hormis celles qui font déjà l’objet d’une enquête préliminaire, n’apparaissaient pas constituées, ce qui entraîne le classement sans suite de la plainte de l’association.
Pour le parquet, il n’existe par ailleurs “aucun élément de nature à faire présumer ou suspecter que la CNCCFP aurait commis un manquement pénalement répréhensible dans l’exercice des missions qui lui sont confiées ou permis délibérément que les candidats soient indûment remboursés par l’Etat”. Le président d’Anticor, Jean-Christophe Picard, s’est déclaré déçu par la décision du parquet de Paris.
“Nous voulions, avec cette plainte, lancer le débat sur la rénovation de la CNCCFP et la législation en vigueur concernant les campagnes électorales, ce qui n’est manifestement pas le cas”, a-t-il dit à Reuters. “Il y a un vrai problème d’utilisation de l’argent public et de rupture d’égalité entre les candidats qui respectent la lettre et l’esprit de la législation et ceux qui recourent aux sur ou sous-facturations”, a-t-il ajouté.
Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
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