"Je suis une personne joyeuse, j'aime la vie et j'aime les femmes". Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, s'est défendu, vendredi de toute implication dans un scandale sexuel qui secoue la péninsule. La nouvelle tempête politico-médiatique en Italie s'appelle Ruby, du nom d'une mineure qui a affirmé avoir participé à des soirées dans une résidence privée du chef du gouvernement italien.
Silvio Berlusconi, 74 ans, est sur la sellette pour avoir organisé dans sa résidence d'Arcore près de Milan, des fêtes en présence de jeunes femmes, rémunérées 5 000 euros la soirée selon la presse italienne.
Circonstance aggravante: il aurait fait pression en mai sur la police afin qu'elle libère l'une d'entre elles, Ruby, une Marocaine qui fêtera ses 18 ans le 2 novembre, alors qu'elle se trouvait dans les locaux de la police pour un vol présumé. Le "Cavaliere", qui aime se poser en grand séducteur, s'est défendu assez mollement de cette accusation. "Je suis un homme de coeur et j'aide qui en a besoin", a-t-il dit.
Le Corriere della Sera a publié samedi la teneur d'une conversation téléphonique entre Berlusconi et un chef de la police de Milan lorsque Ruby était détenue pour vol en mai dernier. Selon le quotidien, Berlusconi l'aurait exhorté à ne pas envoyer Ruby en foyer. "Nous connaissons cette fille mais ce que je veux vous expliquer c'est qu'elle nous a été présentée comme étant une proche du président égyptien (Hosni) Moubarak", aurait-il dit. Une assistante du Cavaliere a confirmé aux journaux être venue chercher la jeune fille au commissariat à la demande de Berlusconi.
Ruby prévoit d'écrire un livre pour faire le récit de sa vie, y compris sa rencontre avec Berlusconi. Elle a précisé n'avoir rencontré qu'une seule fois le président du Conseil et a nié avoir eu des relations sexuelles avec lui. "Je l'admire et je ne peux que dire du bien de lui. Grâce à lui, j'ai évité de terminer dans la rue ou d'être obligée de faire un boulot indécent", a-t-elle déclaré."Je voudrais lui dire 'merci du fond de mon coeur, vous êtes un gentleman, quel dommage que les gens ne sachent pas qui vous êtes vraiment'", a-t-elle ajouté.
"THÉRAPIE MENTALE"
"J'ai une vie effroyable. J'ai une vie qui réclame des efforts surhumains. Je travaille comme personne d'autre, jusqu'à deux heures et demi du matin", a-t-il argué devant des journalistes "Si, de temps à autre, je ressens le besoin d'une soirée de détente, de raconter des blagues, comme thérapie mentale, pour vider mon cerveau de tous ces soucis, cela fait partie de ma personnalité et, à mon âge, personne ne me fera changer de mode de vie."
La presse italienne fait ses choux gras de cette affaire et, tout en s'en offusquant, y consacre des pages entières. "La tempête des fêtes d'Arcore", titre le Corriere della Sera, "Ruby, le mystère du coup de fil", dit Il Messagero. D'autres, comme le site Internet de L'Esspresso publient même des photos de la jeune fille, arguant de leur devoir d'information. Il Fatto Quotidiano s'indigne contre "le gouvernement du Bunga bunga", allusion à une blague fort peu raffinée - mais apparemment appréciée du chef du gouvernement - sur les pratiques sexuelles présumées de cannibales, qui fait déjà l'objet de parodies à la télévision et sur le Net.
Des affiches du parti d'opposition "Italie des Valeurs", mené par Antonio DiPietro, font directement référence au scandale sexuel qui implique Berlusconi.AFP/VINCENZO PINTO
Les frasques supposées de Silvio Berlusconi défrayent régulièrement la chronique en Italie. En mai 2009, son épouse Veronica Lario avait publiquement demandé le divorce après avoir appris la présence de son mari aux 18 ans de Noemi, une jeune fille blonde dont il se faisait appeler "papounet". A la même époque, il avait été fragilisé par un autre scandale, après qu'une prostituée, Patrizia D'Addario, eut affirmé avoir passé avec lui une nuit torride qu'elle a d'ailleurs décrite par le menu dans un livre quelques mois plus tard.
POPULARITÉ EN BAISSE
Comme lors des précédentes affaires, l'opposition a réclamé la démission du chef du gouvernement, jugeant qu'il est susceptible d'être "victime de chantage". "Nous avons le droit de demander que le chef du gouvernement soit en mesure de garantir sobriété et dignité", a déclaré le chef du Parti démocrate (PD), Pier Luigi Bersani. "Berlusconi doit démissionner", a renchéri Antonio di Pierto, leader du parti l'Italie des valeurs. "Si ce n'est pas pour les Italiens, il faut qu'il le fasse pour lui parce qu'il a besoin d'être soigné avant qu'il ne soit trop tard."
Pour sa part, l'hebdomadaire catholique Famiglia Cristiana a jugé "incroyable qu'un homme de ce niveau n'ait pas l'autocontrôle nécessaire", ajoutant osciller "entre la tristesse civique et la pitié humaine". Même son ancien allié Gianfranco Fini s'en est ému : "Je suis amer. C'est une affaire qui fait le tour du monde et met l'Italie dans une situation embarrassante".
Cet énième scandale tombe au plus mauvais moment pour Berlusconi dont la cote de popularité est inférieure à 40%, plombée par son plan d'austérité, les querelles politiques internes et les scandales de corruption.
9 Commentaires
Sall Ngary
En Octobre, 2010 (17:38 PM)Nanat
En Octobre, 2010 (17:39 PM)Cmouss
En Octobre, 2010 (17:50 PM)Mooloyega
En Octobre, 2010 (17:56 PM)Thiam Europen
En Octobre, 2010 (19:52 PM)Doye Warr
En Octobre, 2010 (23:23 PM)Diop
En Novembre, 2010 (06:01 AM)Yakkid
En Novembre, 2010 (06:35 AM)Waay
En Novembre, 2010 (16:13 PM)Participer à la Discussion