Brillant stratège que ce Thomas Gerard Tancredo. Le 5 août dernier, durant une étape de son « Save America Tour », le candidat à l’investiture républicaine pour les élections présidentielles de 2008 a expliqué dans l’Iowa que la meilleure façon de prévenir une attaque terroriste islamiste d’ampleur sur les Etats-Unis, notamment nucléaire, est de menacer d’attaquer les lieux saints de l’Islam. « Je pense que ce genre d’attaques contre les Etats-Unis est imminent et que la meilleure dissuasion est de menacer de frapper les sites saints de la Mecque et Médine en représailles. C’est l’unique moyen qui dissuadera toute personne ou organisation d’attaquer les Etats-Unis », a-il expliqué devant un parterre d’électeurs, cité par le site Iowapolitics. En juillet 2005, il avait déjà fait profiter les auditeurs d’une radio de la ville d’Orlando de sa lecture pour le moins orthodoxe de la critiquée théorie du « choc des civilisations ». Dans la perspective d’une attaque nucléaire terroriste islamiste, les Etats-Unis, a-t-il expliqué sur Fox News, sont « le dernier espoir de la civilisation occidentale ».
Des propos « complètement fous »
Représentant de l’un des districts de l’Etat du Colorado au Congrès américain, il n’a pas tardé à s’attirer les foudres du département d’Etat, qui a qualifié ses propos de « complètement fous ». « Laissez-moi juste dire qu’il est absolument outrageant et répréhensible pour quiconque de suggérer des attaques contre des sites saints, qu’ils soient musulmans, chrétiens, juifs ou de quelque autre religion », a ajouté Tom Casey, le porte-parole du département. Tom Tancredo avait déjà eu maille à partir avec ses collègues républicains de la Maison Blanche, parmi lesquels le président George W. Bush, qu’il estime trop frileux sur la question de la lutte contre l’immigration, son autre marotte. En 2005, le membre de la Chambre des représentants avait tempéré ses propos sur le bombardement dissuasif des lieux saints de l’Islam, sans, il est vrai, ne rien changer sur le fond, expliquant qu’il avait « jeté des idées en l’air » et qu’il s’agissait là d’une « ultime réponse ». Cette semaine, il en a remis une couche sur la chaîne Abc. « Ma mission, en tant que président des Etats-Unis, est avant tout de faire une chose : non pas de m’assurer de la santé des gens ou de l’éducation de leurs enfants, mais de protéger et défendre ce pays. Et cela signifie décourager – et je veux souligner ‘décourager’ – tout type d’agression, spécialement celui que nous craignons de la part d’Al Qaeda, qui est une attaque nucléaire », a-t-il développé. « Tom » sait-il seulement que l’Arabie Saoudite, où sont situées les villes saintes de La Mecque et de Médine, est l’un des principaux partenaires stratégiques des Etats-Unis au Moyen-Orient ? Notamment dans la lutte contre le terrorisme ? Et qu’elle est elle-même une cible d’Al Qaeda ? « La menace de frapper les lieux saints de l’Islam n’aura pour conséquence que de fédérer un milliard de musulmans contre les Etats-Unis », a tenté de lui expliquer un candidat opposant lors du débat d’Abc. Ce que l’administration Bush a d’ailleurs commencé à faire en attaquant l’Afghanistan puis l’Irak. Mais avec « Tom », qu’aucun de ses collègues républicains n’a jugé bon de soutenir, au moins, les choses sont claires.
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