WASHINGTON (AFP) - L'administration américaine met 700 milliards de dollars sur la table pour enrayer la grave crise de confiance des marchés financiers, demandant au Congrès de la laisser récupérer des créances douteuses pour apurer les comptes des banques et relancer la machine du crédit. Evénement
Le plan de l'administration Bush reçu au Congrès vendredi soir, et diffusé samedi au Capitole (siège du Parlement), donne autorité au gouvernement pendant deux ans pour récupérer des actifs liés à des emprunts hypothécaires, qui sont à la racine de la crise financière.
"L'autorité du secrétaire (au Trésor) pour acheter des actifs liés à des créances immobilières conférée par ce texte sera limitée à 700 milliards de dollars d'encours à tout moment donné", indique la proposition gouvernementale.
Les parlementaires semblent avoir été convaincus de la nécessité d'engager ces sommes sans précédent, correspondant à la fourchette qu'avait laissé deviner le secrétaire au Trésor, Henry Paulson.
A une quarantaine de jours de l'élection présidentielle, le plan pourrait cependant être ralenti par les dissensions entre l'administration républicaine du président George W. Bush et la majorité démocrate du Congrès.
"C'est une bonne base pour un plan qui peut rapidement stabiliser les marchés", a déclaré l'influent sénateur démocrate Charles Schumer, en regrettant toutefois qu'il n'y ait "aucune protection apparente pour les contribuables ou les propriétaires immobiliers".
M. Paulson a prévu de passer le plus clair du week-end en réunions avec les élus pour tenter d'aplanir les différends.
M. Schumer avait indiqué vendredi que l'objectif était d'adopter le texte en urgence, dans la semaine, alors que les parlementaires veulent suspendre leurs travaux au plus vite pour partir en campagne avant les élections parlementaires et présidentielle du 4 novembre.
Samedi, M. Bush a défendu l'importance des sommes engagées. "Je suis convaincu que cette approche audacieuse coûtera beaucoup moins aux familles américaines que l'alternative" consistant à ne pas intervenir, a-t-il affirmé, en brandissant la menace de suppressions d'emplois "massives", d'une dégradation continue du marché immobilier et d'un tarissement des prêts à la consommation: une crise qui pourrait égaler en gravité le krach de 1929.
Selon le document de l'administration, le plan aurait une durée de deux ans, mais le Trésor pourrait garder en son nom les actifs récupérés aussi longtemps que nécessaire.
En outre, seules des institutions financières ayant leur siège aux Etats-Unis seraient concernées.
Enfin, l'administration demanderait au Congrès la permission d'embaucher des gestionnaires de fonds pour gérer les créances douteuses dont elle entend soulager les banques.
Ce plan a été communiqué au terme d'une folle semaine marquée par la panique puis l'euphorie des Bourses, avec des interventions en cascade de l'administration Bush, qui a assisté au dépôt de bilan de la banque d'affaires Lehman Brothers et nationalisé l'assureur AIG, sans compter toute une série de mesures de portée plus immédiate, destinées à rassurer et à favoriser la liquidité des marchés.
En dépit des détails apportés par l'administration, l'opération comporte encore des inconnues.
"La question à mille milliards, c'est comment le gouvernement va fixer le prix des créances empoisonnées" dont il entend soulager les banques, a expliqué à l'AFP Mary Ann Hurley, analyste chez DA Davidson & Co. "Est-ce que cela représentera encore des pertes importantes pour les banques et les institutions financières?"
Pour Brian Bethune, économiste de Global Insight, "le coût initial sera de plusieurs centaines de milliards de dollars que devra couvrir le Trésor américain" mais "le coût final pour les contribuables devrait être bien inférieur, si on considère que l'économie et le marché immobilier pourraient se redresser peut-être au deuxième trimestre 2009 et en 2010".
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