PARIS (AP) - Les sans-papiers redescendent dans la rue. Dix ans après l'évacuation de l'église Saint-Bernard, plusieurs dizaines d'associations, de syndicats et d'organisations politiques de gauche appellent à défiler samedi à Paris pour dénoncer la politique du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, exiger la régularisation de tous les sans-papiers et soutenir les expulsés de Cachan.
Les manifestants se rassembleront à partir de 14h aux abords de l'église dans le XVIIIe arrondissement de Paris, avant de défiler jusqu'à la place de la République.
Il y a dix ans, le 23 août 1996 au matin, les gendarmes mobiles en tenue anti-émeute enfonçaient les portes de l'église Saint-Bernard et évacuaient les 300 sans-papiers qui l'occupaient pour exiger leur régularisation.
Cet événement, qui avait mobilisé plus d'un millier de policiers et gendarmes, avait suscité une grande émotion et de nombreuses protestations en France et dans plusieurs pays du monde, notamment sur le continent africain, les sans-papiers de Saint-Bernard étant pour la plupart d'entre eux originaires du Mali ou encore du Sénégal.
La plupart des sans-papiers ont finalement été régularisés en 1997, après le retour des socialistes au pouvoir et la circulaire du ministre de l'Intérieur de l'époque Jean-Pierre Chevènement, qui avait conduit à la régularisation de 80.000 clandestins.
Dix ans après, les associations de soutien aux sans-papiers estiment que la situation n'a guère évolué et dénoncent la politique de l'actuel ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy en matière d'immigration, alors que nombre de sans-papiers continuent régulièrement à manifester.
La manifestation de samedi -organisée tous les ans fin août pour "commémorer" l'évacuation de Saint-Bernard- aura d'ailleurs cette année une résonance particulière, dans un contexte marqué par la mobilisation du Réseau éducation sans frontières (RESF) autour des familles sans-papiers ayant des enfants scolarisés, et l'évacuation spectaculaire de quelque 500 familles d'origine africaine -parmi lesquelles dans sans-papiers- le 17 août d'un squat à Cachan (Val-de-Marne).
Selon le ministère de l'Intérieur, quelque 30.000 demandes de régularisations ont été déposées dans le cadre de la circulaire prise par Nicolas Sarkozy pour tenter de trouver une solution à la question des enfants sans-papiers. Mais le gouvernement refuse toute régularisation massive, M. Sarkozy pronostiquant 6.000 réponses favorables, alors que les associations ne veulent pas entendre parler d'une étude "au cas par cas".
A Cachan, où les familles évacuées ont trouvé refuge dans un gymnase mis à leur disposition "pour quelques jours" par la municipalité socialiste, la situation est dans l'impasse. Les anciens squatteurs ont refusé les "ultimes" propositions de relogement provisoire faites par le préfet du Val-de-Marne Bernard Tomasini et exigent une "solution pérenne", ainsi que la régularisation des sans-papiers.
A l'appel des "anciens" de Saint-Bernard, mais également du PCF, de la CGT, de la FSU, de RESF, de la LCR, de LO, de l'association Droit au logement ou encore des Verts, les protestataires défileront donc samedi "pour la régularisation de tous les sans-papiers, l'arrêt des expulsions et la fermeture des centres de rétention, l'abrogation des lois anti-immigrés, le respect par la France des conventions internationales -droit d'asile, droit de l'enfant, droit de vivre en famille, droits des migrants-", selon un communiqué unitaire diffusé vendredi.
"La lutte des Saint-Bernard est un exemple", affirme le texte. "C'est la mobilisation commune et unie des sans-papiers eux-mêmes et, à leurs côtés, du plus grand nombre de citoyens, de forces politiques, syndicales, associatives qui doit permettre d'imposer la régularisation de tous et une autre politique de l'immigration, fondée sur les droits de la personne, donnant ainsi aux étrangers qui vivent ici et qui y resteront des conditions de vie plus dignes". AP
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