Jeudi dernier, le professeur controversé a présenté à Emmanuel Macron une de ses études prétendant que les jeunes enfants seraient moins contagieux.
Les enfants sont-ils une source majeure de propagation du virus, nécessitant la fermeture durable des établissements scolaires ? Le chef de l'État semblerait en être moins sûr qu'avant. C'est ce qu'on peut déduire de la décision, rendue lundi soir, d'autoriser une réouverture progressive des crèches et des écoles, à compter du 11 mai. Et ce, malgré les réserves de nombreux scientifiques.
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Un point de vue iconoclaste a peut-être pu entrer en ligne de compte dans sa réflexion. La scène se passe jeudi après-midi. Le chef de l'État visite l'Institut hospitalo-universitaire de Marseille, celui du professeur Didier Raoult, devenu célèbre en raison de ses protocoles controversés à base de chloroquine.
Le chercheur à la longue chevelure blanche lui présente une de ses études, qui n'a pas encore été publiée par une revue scientifique. Il s'agit de ce que les chercheurs appellent un «preprint». Le texte est en ligne sur le site de l'Institut depuis le 27 mars. Le professeur lui-même s'est fendu d'un tweet pour en faire la promotion dès le lendemain :
Reposant sur l'analyse des cas dépistés par son institut, l'étude signée par Didier Raoult et son équipe avance en conclusion que les «enfants pourraient ne pas contribuer de manière significative à la circulation du virus».
Des conclusions hâtives
Intéressé, Emmanuel Macron lui demande alors des précisions, selon un participant. Une copie de l'article lui est imprimée sur le champ pour alimenter sa prise de décision. À l'Élysée, toutefois, on affirme que ce travail du professeur Raoult «n'a aucun lien» avec la décision de rouvrir les écoles.
Il vaudrait mieux car ces conclusions de Didier Raoult sont au mieux hâtives... L'étude montre en effet que les enfants, comme on le sait en fait depuis le départ de l'épidémie en Chine ou presque, sont moins contaminés que les adultes. Dans son étude, seuls 1,1% des 1-5 ans et 3,6% des 5-10 ans contre 6,5% chez les adultes ont été testés positifs.
Mais les enfants sont peut-être simplement infectés moins longtemps que les adultes, ce qui serait cohérent avec le fait qu'ils développent moins de formes graves. Rien d'étonnant alors à ce qu'ils soient moins nombreux à être testés positifs. Pour autant, comme ils multiplient les contacts proches à l'école, puis à la maison, ils n'en constitueraient pas moins de formidables accélérateurs potentiels de l'épidémie. À l’heure actuelle, c'est cette question qui n'est tout simplement pas tranchée.
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