Un peu plus de 59 millions d'Iraniens sont appelés aux urnes ce vendredi 18 juin pour élire leur nouveau président pour une période de quatre ans. Le Conseil des gardiens de la Constitution, un organe de surveillance chargé de valider les candidatures et de superviser les élections n'avait retenu que sept candidats. Depuis trois se sont retirés, et aujourd’hui, le candidat conservateur Ebrahim Raïssi reste le principal favori.
De nombreuses personnalités politiques, notamment l'ancien président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, l'ancien président du parlement, Ali Larijani, ou encore l'actuel premier vice-président Es-Hagh Jahanguiri ont été recalés à la surprise générale. Malgré les protestations, le Conseil a refusé de revenir sur sa décision. Parmi les sept candidats, il y avait deux modérés et cinq conservateurs. Entre-temps, l'un des deux candidats modérés et deux ultra-conservateurs se sont retirés de la course.
Il y a désormais, le modéré Abdolnasser Hemati, qui est soutenu par une partie des réformateurs et le conservateur Ebrahim Raïssi, actuellement chef du pouvoir judiciaire qui sont les deux principaux candidats restés en lice. Il y a aussi Mohsen Rezai, un ancien chef des Gardiens de la révolution, qui n'a guère de chance. Depuis une vingtaine d'années, il se présente à tous les scrutins présidentiels.
Abdolnasser Hemati, l’outsider
Ebrahim Raïssi, le candidat conservateur part favori. Selon les derniers sondages, il obtiendrait plus de 62% des voix dès le premier tour. Il est soutenu par l'ensemble du pouvoir. Il dirige actuellement le pouvoir judiciaire. Il a promis de donner la priorité aux plus démunis et à la relance de la production nationale.
Sur le plan extérieur, il s'est dit partisan de l'accord nucléaire avec les grandes puissances tout en affirmant qu'il fallait un gouvernement fort pour être en position de force dans les négociations menées actuellement à Vienne pour faire revivre l'accord de 2015.
Face à lui, Abdolnasser Hemati, s'est montré très combatif lors des débats télévisés face aux conservateurs. Mais il n'a pas réussi à mobiliser l'ensemble des partis réformateurs et modérés derrière son nom. Il était il y a encore un mois président de la Banque centrale. Sa tâche s'annonce difficile. En effet, il doit mobiliser l'électorat modéré et réformateurs très déçus par le bilan économique et social du gouvernement du président Rohani. L'inflation dépasse les 50% et la valeur de la monnaie iranienne a largement chuté ces dernières années en raison des sanctions américaines.
Hemati a largement mené campagne en agitant l'épouvantail d'un contrôle total des conservateurs sur l'ensemble des leviers du pouvoir. Si une partie des réformateurs le soutiennent, comme l'ancien président Mohammad Khatami, d'autres personnalités et formations du camp réformateur ont refusé de le soutenir. Il a besoin d'une vaste mobilisation de l'électorat modéré pour empêcher l'élection d'Ebrahim Raïssi. Mais une grande partie de cet électorat devrait s'abstenir.
L'ayatollah Ali Khamenei appelle à aller voter
La participation est d'ailleurs un jeu politique important, un véritable un enjeu pour le pouvoir. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a lui-même demander aux électeurs de ne pas bouder les urnes. Il a affirmé qu'il comprenait le mécontentement des classes défavorisées touchés par la crise économique et une inflation galopante, mais il a affirmé que la solution n'était pas l'abstention.
Selon un dernier sondage, seuls 42% des électeurs se disent certains d'aller voter. Il y a quatre ans la participation était supérieure à 70%. C'est un signe du très large mécontentement social et économique.
Le défi du candidat modéré sera de mobiliser l'électorat de son camp pour obtenir au moins un second tour. Il faudra attendre l'annonce des résultats pour savoir s'il aura réussi son pari. Au second tour, sa tâche sera plus simple.
"Lors des législatives de l'année dernière, l’abstention avait déjà atteint un record avec un taux de 57%..."
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