Le camp du président malien Amadou Toumani Touré a revendiqué lundi sa victoire au premier tour de la présidentielle de dimanche "avec un score écrasant", mais la principale coalition de l'opposition, qui présentait quatre candidats, a dénoncé de "grosses irrégularités".
Des premiers résultats partiels portant sur moins de 20% des inscrits ont donné lundi le président sortant largement en tête du premier tour avec 61,3% des suffrages contre 29,8% au président de l'Assemblée nationale Ibrahim Boubacar Kéita.
"La courbe est très claire en faveur de notre candidat qui est très largement en tête des premiers résultats que nous communiquent nos représentants présents au dépouillement à l'intérieur comme à l'extérieur du Mali", a indiqué à l'AFP le porte-parole du président, Hassan Barry.
"Amadou Toumani Touré, au vu de ces résultats, sera élu dès le premier tour de la présidentielle avec un score écrasant", a-t-il ajouté.
"J'invite l'opposition au fair-play et qu'elle reconnaisse sa défaite", a poursuivi le porte-parole, sans cependant vouloir fournir de chiffres plus complets.
Dans le même temps, la principale coalition de l'opposition, qui a présenté quatre candidats sur huit, a dénoncé un scrutin biaisé par des tricheries.
"Il ressort (...) que le scrutin présidentiel du 29 avril a été entaché de grosses irrégularités qui ont entamé la sincérité, le sérieux et la transparence des opérations électorales", a dénoncé le Front pour la démocratie et la république (FDR, 16 partis) dans un communiqué.
"L'élection (...) a été tout sauf libre, sincère et transparente. En conséquence, le FDR ne saurait reconnaître les résultats issus d'une telle mascarade", a ajouté la coalition.
Le FDR présentait à l'élection quatre candidats, considérés comme les principaux adversaires du président sortant: le président de l'Assemblée nationale Ibrahim Boubacar Kéita, ainsi que Mamadou Sangaré, Soumeylou Boubéye Maiga et Tiébilé Dramé.
Le directeur de campagne de M. Kéita, Macky Diallo, avait auparavant dénoncé lundi des "fraudes massives, de l'intimidation et du chantage par un dispositif électoral et une administration instrumentalisée".
Ces affirmations portent un sérieux coup au consensus démocratique mis en place ces dernières années par le président dans ce pays très pauvre régulièrement salué pour ces progrès en matière de démocratie depuis 15 ans.
Le président Touré, ancien général putschiste qui a spontanément cédé le pouvoir aux civils en 1992 après avoir participé au renversement du dictateur Moussa Traoré (1968-1991), avait réussi à mettre en place un système de gouvernement d'union depuis son élection en 2002.
En fin d'après-midi, le ministère de l'Administration du territoire, chargé du décompte des voix, a placé le président sortant largement en tête avec 61,3% des voix contre 29,8% à M. Kéita, d'après des résultats portant sur plus de 1,2 million d'inscrits, soit 18,2% de l'électorat.
M. Touré l'emporte dans la capitale avec 54,2% des voix contre 38,8% à M. Kéita, a précisé à la presse Boubacar Sow, directeur national de l'administration du territoire.
De son côté, l'ancien Premier ministre du Togo Koffi Sama, chef de la mission d'observation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao, 15 Etats) a assuré lundi que le premier tour avait été "libre, juste et crédible (...) en dépit de quelques insuffisances notées ça et là".
Les résultats complets sont attendus mercredi ou jeudi. Les éventuels recours doivent être déposés dans les 48 heures suivant la publication de ces chiffres auprès de la Cour constitutionnelle, qui devra statuer sur ces recours dans les 48 heures.
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