Manuel Valls a promis vendredi de dévoiler un compromis "dynamique et ambitieux" lundi sur la réforme du Code du travail, sans convaincre les mouvements étudiants et lycéens d'abandonner leur combat contre le texte. Après avoir été reçus par le Premier ministre, l'Unef et trois syndicats lycéens ont appelé les jeunes à amplifier leur mobilisation, notamment lors des manifestations des 17 et 31 mars, afin d'obtenir le retrait de la réforme.
La Fage, un autre syndicat étudiant, a dit qu'elle attendrait de voir lundi si ses demandes de modification du texte, "inacceptable" en l'état, avaient été entendues. "Nous souhaitons bâtir un compromis qui soit dynamique et ambitieux", a dit Manuel Valls à la presse aux côtés des ministres de l'Economie et du Travail, Emmanuel Macron et Myriam El Khomri, en ajoutant que "réformer (...) ça n'est pas passer en force, ça n'est pas brutaliser". "Il y a un débat dans le pays (...) autour de l'inquiétude de la jeunesse. La jeunesse, c'est la priorité du quinquennat de François Hollande", a-t-il ajouté.
"A cette angoisse, nous devons répondre à la fois par la liberté et la sécurité." Deux jours après des manifestations qui ont rassemblé entre 224.000 et 500.000 personnes dans toute la France, selon les estimations, le gouvernement tente d'éviter que le mouvement s'envenime. Deux grandes journées de mobilisation sont déjà prévues, les 17 et 31 mars donc, les syndicats "réformistes" appelant quant à eux à des rassemblements ce samedi. Manuel Valls a réitéré vendredi que la réforme visait à "lever les barrières à l'accès au travail" mais les opposants jugent que son premier effet sera de faciliter les licenciements.
"BESOIN D'UN RAPPORT DE FORCE SOCIAL"
"Le désaccord de fond reste entier", a dit à la presse William Martinet, président de l'Unef, un syndicat proche du Parti socialiste, qui demande le retrait du projet de loi et juge qu'"il y a besoin d'un rapport de force social". "Ce gouvernement reste sur la même logique et nous explique qu’il faudrait précariser le marché du travail pour que les jeunes puissent accéder à l’emploi", a-t-il ajouté. "Il y a nécessité, du côté des étudiants, d’amplifier la mobilisation qui est en cours actuellement dans les universités."
Après sa rencontre avec Manuel Valls, Emmanuel Macron et Myriam El Khomri, il a appelé les étudiants à participer massivement à la journée de mobilisation des jeunes le 17 et à celle du 31 mars, qui réunira aussi les salariés à l'appel notamment de la CGT et de FO. Les trois syndicats lycéens reçus à Matignon ont aussi annoncé qu'ils manifesteraient jusqu'au retrait du projet. "Le Premier ministre refuse d'écouter la jeunesse", a déclaré Alex Pellier, vice-président de la FIDL. "Valls et le gouvernement nous proposent une loi 'made in Medef' pour nous faire travailler 'made in China'." "On appelle au retrait de cette loi, pur et simple, il n'y aura pas de négociation tant que ce projet ne sera pas retiré", a ajouté la présidente de la FIDL, Zoïa Guschlbauer.
Selon le président de la Fage, Alexandre Leroy, Manuel Valls a signalé qu'il y avait de l'espace pour modifier le texte sur les indemnités prud'homales, les motifs de licenciement économique et l'aménagement du temps du travail. "Je ne peux pas vous dire aujourd'hui qu'il y a une sortie à l'impasse dans laquelle on est en train d'aller", a dit le leader syndical, qui a signé l'appel de la CFDT à des modifications du texte, sans demander son retrait. "La porte n'est pas fermée mais le créneau est très étroit." La Fage participera aux actions annoncées pour ce samedi par les syndicats "réformistes".
(Jean-Baptiste Vey, avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)
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