Les pilotes d'Air France s'opposent fermement au projet d'accord sur leurs conditions de travail présenté dimanche par la direction à la suite de sept séances de négociations, ont déclaré mardi à Reuters leurs deux principaux syndicats. La filiale d'Air France-KLM a donné aux pilotes jusqu'au 2 mai pour signer un accord qu'elle présente comme un plan de croissance, ce que contestent le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), majoritaire, et le Syndicat des pilotes d'Air France (Spaf).
"Rien n'accompagne la croissance, sinon une baisse de salaire", a déclaré le porte-parole du SNPL. Le puissant syndicat, qui réunit son conseil mercredi 20 avril, n'exclut rien à ce stade, y compris une grève, a-t-il ajouté. Air France a souligné de son côté que la rémunération moyenne des pilotes de la compagnie serait en augmentation sur la période 2017-2020 en intégrant l'ensemble des mesures proposées.
Principalement payés à l'heure de vol, les pilotes ont vu leur rémunération baisser en raison de la crise et cette remontée est "moins que proportionnelle" à la reprise de l'activité, a estimé le porte-parole du SNPL. Si la rémunération baisse de 20% en l'absence d'activité, elle doit remonter d'autant quand l'activité repart, mais la direction voudrait qu'elle n'augmente que de 5-7%, a expliqué pour sa part Grégoire Aplincourt, président du Spaf.
Les pilotes ont clairement dit qu'ils étaient prêts à faire des efforts de productivité, a-t-il ajouté, citant leur proposition, non retenue, de mieux répartir les vols non attribués, pour éviter que certains pilotes aient énormément d'heures supplémentaires. L'embauche d'au minimum 600 pilotes promises d'ici 2020 se traduira par 220 créations de postes, le reste étant des remplacements de départs naturels (en retraite en particulier), a précisé une porte-parole de la compagnie.
UN "DÉSAGRÉABLE PARFUM DE SEPTEMBRE"
Les pilotes craignent qu'une partie de ces embauches se fassent chez Transavia, plutôt que chez Air France, étant donné la croissance prévue pour la low cost. "On retrouve ce désagréable parfum de septembre", a dit le porte-parole du SNPL faisant référence à la grève de 15 jours des pilotes en septembre 2014 contre l'ouverture de bases de la compagnie low cost Transavia hors de France. Le SNPL conteste toujours l'opportunité d'une telle mesure, jugeant sa viabilité non prouvée dans un marché ultra concurrentiel dominé par easyJet et Ryanair.
"Ouvrir des bases en Europe, ce ne serait pas se développer, ce serait se disperser", a précisé le porte-parole du SNPL. Sur la forme, les deux syndicats reprochent à Air France d'avoir fermé la porte, selon eux, à de nouvelles négociations. "On regrette simplement que la direction nous ait envoyé un projet d'accord final et non négociable et mis fin unilatéralement aux négociations", a expliqué Grégoire Aplincourt, le président du Spaf. "On pensait se revoir et ils nous ont dit : non 'c’est à prendre ou à laisser'.
Air France fait de son côté valoir qu'elle a prolongé à deux reprises les négociations, démarrées le 10 mars, qui se sont finalement conclues le 6 avril au lieu du 25 mars, afin d'aller jusqu'au bout et de pouvoir proposer un accord équilibré. La dernière réunion avec les pilotes a été "compliquée", mercredi, se concluant sur un blocage concernant les rémunérations, a déclaré jeudi à Reuters son PDG Frédéric Gagey. (Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot)
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