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Le Sénat américain rejette un compromis sur l'immigration

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Le Sénat américain rejette un compromis sur l'immigration

PhotoLe Sénat américain a rejeté vendredi un compromis qui aurait ouvert la voie à la naturalisation de millions d'immigrés clandestins travaillant aux Etats-Unis, bien que le président George Bush ait exprimé son soutien à une telle mesure. Le dossier devrait peser sur les élections législatives de mi-mandat présidentiel à l'automne.

Ce projet que ses partisans pensaient voir adopté à une large majorité n'a recueilli que 38 des 60 voix qui l'auraient protégé d'amendements atténuant sa portée. Les Républicains se sont prononcés à l'unisson mais l'opposition démocrate, qui ne voulait pas d'amendements, a vu six de ses sénateurs la lâcher.

Une proposition alternative du chef de la majorité à la chambre haute, Bill Frist, candidat potentiel à la présidentielle de 2008, qui ne prévoyait pas la légalisation du séjour des clandestins mais au contraire de fortes amendes pour ceux qui les emploieraient, n'a quant à elle obtenu que 36 voix pour et 62 voix contre.

Républicains et démocrates, qui se rejettent la responsabilité de l'impasse, estiment désormais qu'il ne faut probablement pas escompter d'issue au débat avant le retour de vacances du Congrès dans deux semaines.

Pour le chef de la Maison Blanche, "un système d'immigration qui force les gens à (vivre) dans l'ombre de (la) société ou en fait les proies de criminels est un système qui doit être changé". Il s'est déclaré certain qu'il était possible de réformer la législation afin "d'assurer la sécurité (des) frontières, respecter la loi et, c'est tout aussi important, préserver la décence (des Etats-Unis)".

Le président de la commission judiciaire sénatoriale, le républicain Arlen Specter, a estimé que le compromis avait été rejeté "car les démocrates ont intérêt politiquement à ne pas avoir de loi sur l'immigration". Ils voudraient selon lui rester sur la proposition des représentants républicains qui criminalise le séjour irrégulier aux Etats-Unis et qui a déclenché d'importantes manifestations dans tout le pays. On a ainsi vu 500.000 personnes défiler à Los Angeles, près de la frontière mexicaine, le mois dernier.

Les démocrates reprochent de leur côté aux sénateurs républicains d'avoir insisté pour passer des amendements qui auraient dilué le compromis salué par les chefs de groupe jeudi soir.

La nouvelle loi doit régulariser la situation des quelque 11 ou 12 millions de travailleurs étrangers en séjour irrégulier sur le territoire américain.

Ils seraient ainsi séparés en trois catégories. Ceux présents depuis plus de six ans pourraient demander la régularisation définitive de leur séjour sans avoir à quitter le pays; ceux présents depuis plus de deux ans devraient se présenter à la frontière au cours des trois prochaines années pour obtenir un visa de travailleur temporaire; ceux présents depuis moins de deux ans devraient quitter les Etats-Unis et demander un visa pour y revenir.

Le projet de loi forcerait par ailleurs les employeurs à s'assurer qu'ils embauchent des travailleurs dûment enregistrés et permettrait l'installation d'un "mur" virtuel de caméras, capteurs et autres technologies afin de surveiller les quelque 3.200km de frontière séparant les Etats-Unis du Mexique.

Des manifestations de soutien au compromis étaient prévues pour lundi dans tout le pays, et notamment à Washington, où les organisateurs attendent 100.000 personnes.

La chambre des représentants a quant à elle adopté une loi concernant la sécurité à la frontière mais son président, le républicain Dennis Hastert, ainsi que d'autres élus, ont souhaité ces derniers jours élargir le champ de ce texte en négociant un compromis avec le Sénat. A cela, le représentant républicain Tom Tancredo a rétorqué qu'aucune "loi d'amnistie" n'obtiendrait la majorité chez les représentants.

Si les autorités américaines affirment n'avoir pas évalué le coût d'une éventuelle expulsion des immigrés clandestins, le Centre pour le progrès américain, un organisme de recherche sans couleur politique, l'estime à 215 milliards de dollars (176,5 mds d'euros) sur cinq ans, en partant du principe que neuf millions d'hommes, femmes et enfants ne partiraient pas volontairement. AP



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