Poursuivant dans cette logique toute luthérienne il a alors entrepris une réflexion sur un sujet devenu presque tabou dans les Églises catholiques et protestantes: la notion de «mal». «La plus grande partie des gens, même des chrétiens, a-t-il lancé, tient aujourd'hui pour acquis que Dieu, en dernière analyse, ne s'occupe pas de nos péchés et de nos vertus. Si aujourd'hui, on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous nous supposons que Dieu doit être généreux et qu'à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos petites fautes.»
S'insurgeant contre cette vision irénique le Pape s'est alors demandé si «nos fautes étaient vraiment si petites ?». Notamment quand le monde est rempli de «corruption», de recherche de ses «propres intérêts», du «pouvoir des drogues», de «l'addiction à la jouissance», de «la disposition croissante à la violence», de «la faim et la pauvreté». «Non, a-t-il conclu d'une formule, le mal n'est pas une bagatelle.» Dans son esprit, le mal «ne pourrait être aussi puissant si nous mettions Dieu au centre de notre vie».
«Témoignage commun»
Et c'est seulement après avoir partagé cette réflexion spirituelle de fond que Benoît XVI a évoqué le dossier œcuménique à proprement parler. C'est-à-dire les discussions entre catholiques et protestants visant à rétablir l'unité et la communion perdues.
Il en a d'abord situé les enjeux qui ne sont pas des détails en Allemagne où catholiques et protestants représentent chacun un tiers de la société. Premier défi: un «témoignage commun» dans un monde où «l'éthique est remplacée par le calcul des conséquences», appelant à «un engagement commun pour l'ethos chrétien», allant des «questions du diagnostic préimplantatoire jusqu'à l'euthanasie». Deuxième défi, une lutte commune contre de «nouvelles formes de christianisme» - sans les citer, il désignait les groupes évangéliques ou les sectes. Soit «un christianisme de faible densité institutionnelle, avec peu de bagage rationnel et encore moins de bagage dogmatique, et aussi avec peu de stabilité». Et enfin, «l'absence de Dieu dans notre société», implorant les protestants et les catholiques à «ne pas devenir modernes, moyennant une édulcoration de la foi».
Quant aux questions qui fâchent actuellement la communauté protestante allemande et qui posent des problèmes très concrets dans les familles dites mixtes, catholique et protestante, - par exemple le refus par l'Église de l'hospitalité eucharistique des protestants alors que ces derniers l'acceptent - Benoît XVI les a explicitement évitées alors que la présidente de l'Église protestante de la région, Katrin Göring Eckardt, et le président des protestants allemands, Nikolaus Schneider, avaient sollicité un pas en ce sens lors de leur rencontre vendredi matin.
En guise de réponse - les intéressés ne se sont pas dits choqués à l'issue mais plutôt «encouragés» - Benoît XVI a précisé qu'une «mauvaise compréhension» de l'œcuménisme consistait précisément à négocier pour parvenir à un «compromis». Or «la foi n'est pas quelque chose que nous concoctons ou déterminons. Elle est le fondement sur lequel nous vivons.» L'unité ne viendra pas en soupesant «avantages et désavantages» mais en avançant «plus profondément dans la foi».
5 Commentaires
Oki
En Septembre, 2011 (19:06 PM)Le peuple senegalais n'est pas dupe et sait decortiquer les messages.
Pape Samba Mboup
En Septembre, 2011 (19:20 PM)Boy Pinetown
En Septembre, 2011 (10:52 AM)Mahass
En Septembre, 2011 (14:29 PM)Bolo
En Septembre, 2011 (15:46 PM)Participer à la Discussion